Thèse soutenue

Les objets discursifs : doxa et évolution des topoï en corpus

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Julien Longhi
Direction : Jacques-Philippe Saint-Gérand
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Linguistique
Date : Soutenance en 2007
Etablissement(s) : Clermont-Ferrand 2

Résumé

FR

Cette thèse contribue à l'intégration de la sémantique et de la linguistique du discours, en cherchant -sur le plan théorique et pratique- à définir une méthodologie et un cadrage épistémologique pour l'étude de la constitution du sens en discours. Notre problématique se concentre sur l'analyse de corpus discursifs, afin de repérer de manière topique (le topos est défini comme un lieu commun argumentatif) les divers degrés de stabilité et de plasticité des constructions sémantiques. Nous définissons dans cette recherche le concept d'objet discursif, analysé dans trois corpus : "Le Monde" et "Le Figaro" de mai à octobre 2003 (pour l'étude de intermittent), des discours prononcés par Chirac, Madelin, et Le Pen de 1997 à 2004 (pour l'étude de libéral(e) et libéralisme) et le corpus des oeuvres de Balzac et de Stendhal fourni par Frantext (pour l'étude de libéral). Le corpus est défini comme un ensemble de propositions énoncées, à la fois observatoire pour l'analyse des objets discursifs, et entité dynamique. Notre démarche s'inscrit dans la linguistique du sens commun (Sarfati) : l'inscription de la doxa dans la langue est postulée relativement à l'organisation d'un système du sens commun lui-même régi par un dispositif de topoï. La relation entre le système du sens commun et l'apparition de formes linguistiques (ellipses, catégories grammaticales) permet d'étayer l'hypothèse d'un dispositif antérieur à la prise de parole, caractérisable aussi par le choix opéré lors de la mise en expression au cours du processus énonciatif. Cherchant à saisir les processus sémiotiques à l'oeuvre dans l'activité langagière, la phénoménologie permet d'envisager le passage de l'analyse des énoncés à celle de l'expérience. L'invite à se doter d'un niveau de saisie proprement linguistique nous fait rejoindre la "Théorie des sémantiques (Cadiot et Visetti), dans laquelle la constitution d'une forme sémantique peut être saisie lors de phases appelées motifs, profils, et thèmes. Nous substituons le concept de topos à celui de thème : les topoï constituent l'aboutissement des dynamiques sémantiques, et sont par conséquent linguistiquement motivés, et profilés en discours. La performativité propre à une énonciation est intégrée à la dynamique elle-même, et contribue au travail argumentatif des unités : elle est décrite comme catalyseur dans la constitution d'une forme sémantique (agissant à la fois au niveau des motifs avec les dimensions institutionnelles et énonciatives, et au niveau des profils avec les formes porteuses de force illocutoire). Nous montrons que les phases de saisie du sens sont redistribuées selon la tripartition canon-vulgate-doxa : nous relevons les apports de la démarche discursive dans la constitution de formes sémantiques, grâce au phénomène d'anticipation lexicale. Les motifs constituent à la fois une zone de stabilité, mais aussi d'instabilité, à l'intérieur des Formations Discursives. Les dimensions discursives du corpus induisent une anticipation des motifs vers ce que nous appelons des motifs "insérés" : ils permettent de saisir une généricité du sens propre à un corpus donné. Ils se situent donc sur la voie des opérations de profilages, constituant une zone de stabilisation pré-syntaxique, qui contraint en particulier la mise en syntagme. Les profilages, au sein de leur dynamique de constitution en corpus, qui prend en compte les dimensions discursives, génériques et argumentatives, tendent à devenir doxiques (selon les contraintes plus ou moins prégnantes de ces dimensions), permettant ensuite la construction de topoï par thématisation