Thèse soutenue

L'inscription de la modernité dans le roman gabonais : approche stylistique et sociolinguistique de trois romans gabonais : "Elonga" (A. Rawiri), "Au bout du silence" (L. Owondo) et "Parole de vivant" (A. Moussirou-Mouyama)
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Auteur / Autrice : Christian Mepas
Direction : Papa Samba Diop
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres
Date : Soutenance en 2006
Etablissement(s) : Paris 12

Résumé

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La question de la langue est cruciale pour les écrivains francophones. Elle se pose nécessairement à l'homme de lettres, plus encore à l'écrivain francophone de plusieurs langues. Ainsi que l'affirme à juste titre R. BARTHES est " écrivain celui pour qui le langage fait problème, qui en éprouve la profondeur, non l'instrumentalité ou la beauté ". Certes, écrire en français condamnait, à l'origine, les écrivains francophones à être lus surtout par les Français de France. Le dilemme était donc celui-ci : être entendu ou ne pas l'être. Les romanciers gabonais tels L. OWONDO et A. MOUSSIROU-MOUYAMA se sont approprié la langue française ; la langue de l'Autre ( l'ancien colonisateur ). Dans une certaine mesure ils sont parvenus selon l'ambition de L. T. SONY à "tropicaliser", mieux à "gaboniser" la langue française, à l'utiliser comme matière première pour écrire la parole traditionnelle et dire les réalités locales. Enfin la littérature gabonaise souvent survolée, voire absente des anthologies de littérature africaine est désormais pleine de promesse. C'est cet optimisme qui transparaît dans ces propos de A. MOUSSIROU-MOUYAMA : " La vitalité de la littérature gabonaise, observable avec les dernières publications et l'engouement récent pour le théâtre ( en français également ) viennent — à titre d'hypothèse — d'une certaine appropriation de la langue française qui dit la différence d'écrire et la nécessité de dire sans trahir ". Cette vitalité de la littérature gabonaise s'explique en grande partie par une nouvelle conception ou pratique du langage qu'ont les romanciers, L. OWONDO et A. MOUSSIROU-MOUYAMA contrairement aux précédents romanciers. En effet, avant eux les romanciers tels A. RAWIRI et R. ZOTOUMBAT concevaient le langage comme uniquement un moyen de communication qui ne sert qu'à nommer les objets du réel et non à symboliser. Du coup la dimension poétique, symbolique et esthétique du langage est mise en veilleuse. Or une oeuvre littéraire s'évaluant par sa littérarité ne saurait se borner à la représentation du réel cru. L'écrivain gabonais doit par conséquent ruser avec le réel.