Dynamique de l'utilisation des ressources fourragères par les dromadaires des pasteurs nomades du Parc national du Banc d'Arguin (Mauritanie)

par Aminata Correra

Thèse de doctorat en Ecologie et gestion de la biodiversité

Sous la direction de Jean-Claude Lefeuvre.

Le président du jury était Bernard Faye.

Le jury était composé de Jean Worms, Jean Lossouarn, Jean-Louis Chapuis, Alexandre Ickowicz.

Les rapporteurs étaient Alain Bourbouze, Aziz Ballouche.


  • Résumé

    Situé de part et d’autre du 20ème parallèle, le Parc National du Banc d’Arguin (PNBA) longe le littoral Atlantique mauritanien sur 180 km, couvrant une superficie de 12000 km2, répartie de manière à peu près égale entre un domaine maritime et un domaine terrestre. Contrairement à la partie maritime qui a bénéficié d’efforts non négligeables notamment en recherches halieutiques, le domaine terrestre n’a jamais fait l’objet d’études approfondies si ce n’est quelques prospections botaniques, pour la plupart sporadiques par d’éminents chercheurs comme Monod, Lamarche, Spruyte, Hugot, Murat, Zolotarevsky etc. Il appartient au Tasiast, zone à vocation pastorale depuis plusieurs siècles. Il a constitué longtemps l’une des principales étapes de la transhumance et du nomadisme en Mauritanie. La végétation de cette zone faisait l’objet d’une exploitation pastorale régulière par les troupeaux camelins suivant l’axe Nord-sud et sud-nord, jusqu’à une période récente. Mais depuis plusieurs décennies et plus particulièrement dans la décennie 70-80, on assiste à une régression du potentiel pastoral de ce territoire, une disparition des oueds, une diminution du débit des puits et de leur nombre suite à une sécheresse récurrente survenue au parc comme partout en Mauritanie. Ce changement climatique a entraîné une irrégularité des parcours, une désaffection de ce territoire, qui fut pourtant tant convoité, par une grande partie de la population nomade et les troupeaux qui en exploitaient les ressources. La population de pasteurs inféodée au territoire du PNBA a mis au point une stratégie leur permettant une adaptation aux conditions nouvellement imposées par la sécheresse. Cette stratégie repose sur la parfaite connaissance de leur milieu, du comportement de leurs animaux, de la végétation, des zones de pâture et de la qualité fourragère empirique des plantes, résultat de longues expériences et de patientes observations depuis plusieurs générations. Nous avons tenté à partir d'une approche pluridisciplinaire de comparer la hiérarchie de valeur attribuée par les nomades aux différentes plantes ingérées par les dromadaires et la valeur fourragère scientifique obtenue au laboratoire ; cette analyse comparée s’appuyant sur des méthodes multi- variées (comparaison d’analyses typologiques). Parallèlement, nous avons mis en oeuvre des méthodes permettant de déterminer l’importance des prélèvements effectués par les grands herbivores, en l’occurrence le dromadaire, ainsi que les stratégies d’adaptation développées par les pasteurs nomades évoluant au sein du PNBA Les résultats de ces différentes analyses montrent que les connaissances empiriques ne recoupent que partiellement la réalité biologique. Ils ne traduisent en particulier qu'imparfaitement la hiérarchie de valeur fourragère attribuée par les nomades aux espèces fourragères. Ces savoirs empiriques qui intègrent l’évolution phénologique des plantes (le temps) et la distribution (l’espace) méritent donc d’être pris en considération par les scientifiques car combinées avec le développement de recherches spécifiques, ces connaissances pourraient non seulement complémenter les données scientifiques mais aussi constituer le plus sûr moyen de gestion durable d’un tel territoire affaibli par la sécheresse grâce à une aide précieuse apportée par cette population « autochtone » compétente, les pasteurs nomades.

  • Titre traduit

    The dynamics of use of food resources of the Banc d'Arguin National Park (Mauritania) by nomadic herders and their dromaderies


  • Résumé

    The Banc d’Arguin National Park (PNBA) extends either sides of the twentieth parallel over 180 km of the Mauritanian Atlantic coastline. It boasts an area of 12,000 km2, equally distributed between a marine/coastal and a continental area. Contrary to the maritime part which benefited from considerable research efforts, in particular in halieutics, the continental part never was the subject of thorough studies except for sporadic botanical prospections by eminent researchers like Monod, Lamarche, Spruyte, Hugot, Murat, Zolotarevsky. . . . The continental area belongs to Tasiat, a pastoral mainstay for many centuries. For a long time, it provided one of the main stage for transhumance and nomadism in Mauritania. Up to a recent time, the vegetation of this zone was used regularly for pastoral purposes by camel herds along a north-south / south-north axis. But for several decades and even more since the 70’s and 80’s, the pastoral potential of this territory faded, the wadis disappeared, the well output and their number decreased after regular drought occurring in the PNBA as all over Mauritania. This climatic failure led to unpredictible pasture lands and disusal of a territory much coveted in the past by a majority of the nomadic population and herds using its resources. The nomadic population linked to the Park’s territory adopted a strategy commanded by the new conditions imposed by the drought. This strategy is based on their perfect empirical knowledge of their territory, the behavior of their animals, the vegetation, the grazing areas and the empirical fodder quality of the remaining vegetation, a result of their long experience and patient observations over generations. Based on a multi-disciplinary approach, we attempted to compare the hierarchy of feeding values attributed by the nomads to those values determined by scientific analysis using multivariate statistics (comparison of typological analysis). Results of the analysis show that empirical knowledge only partially corroborates biological reality and that, meanwhile, the typology of species based on chemical analyses translates only imperfectly the hierarchy of feeding values used by camel herders. The actual values certainly depend on the chemical composition of plants but also on the way the camel herders and their animals make use of available resources. This empirical knowledge which integrates the phenologic evolution of the plants (time) and their distribution (space) deserves to be taken into account by the scientists. Combined with the development of specific research, this knowledge could not only add to the scientific data but also constitute the best suited way to sustainably manage a territory weakened by drought thanks to the invaluable help of a skilful “native” population, the nomadic herders.

Consulter en bibliothèque

La version de soutenance existe sous forme papier

Informations

  • Détails : 1 vol. (247-XLIX-VIII p.)
  • Annexes : Glossaire. Bibliogr. p. 233-243

Où se trouve cette thèse\u00a0?

  • Bibliothèque : Muséum national d'histoire naturelle. Bibliothèque centrale.
  • Non disponible pour le PEB
  • Cote : TH 2006 -- 21
  • Bibliothèque : Centre Technique du Livre de l'Enseignement supérieur (Marne-la-Vallée, Seine-et-Marne).
  • Disponible pour le PEB
  • Cote : TH2017-007159

Cette version existe également sous forme de microfiche :

  • Bibliothèque : Université de Lille. Service commun de la documentation. Bibliothèque universitaire de Sciences Humaines et Sociales.
  • Non disponible pour le PEB
  • Cote : 2006MNHN0021
  • Bibliothèque : Université Paris-Est Créteil Val de Marne. Service commun de la documentation. Section multidisciplinaire.
  • PEB soumis à condition
Voir dans le Sudoc, catalogue collectif des bibliothèques de l'enseignement supérieur et de la recherche.