Thèse de doctorat en Littérature française
Sous la direction de Jean-Yves Debreuille.
Soutenue en 2006
à Lyon 2 .
Cette étude porte sur le rôle central dévolu à la lecture dans les poétiques de Francis Ponge et de Nathalie Sarraute, tant au plan de la visée pragmatique des œuvres - convaincre de la « qualité différentielle » (Ponge) mise au jour dans le texte, persuader de l’existence du « tropisme » (Sarraute) - que de la construction des référents, « qualité différentielle » et « tropisme » n’existant que s’ils sont reconnus par un tiers lecteur. Ces enjeux pragmatiques et référentiels sont mis en relation avec les stratégies de déstabilisation générique adoptées par les deux auteurs, l’un à l’égard de la poésie, l’autre à l’égard du roman, tous deux se situant dans une position d’intériorité / extériorité par rapport aux catégories génériques. La construction interne de la lecture est en outre confrontée aux discours critiques suscités par les œuvres, l’étude s’étendant des premiers écrits de Ponge à 1958, date à laquelle un premier moment de la réception de Ponge se clôt, et où l’expression « Nouveau Roman » s’impose. La première partie précise les enjeux pragmatiques de la communication littéraire chez les deux auteurs, en particulier les relations entre écrit littéraire et pratique orale de la langue. La deuxième partie étudie les stratégies textuelles mises en place à l’intérieur des œuvres afin que s’élabore une connaissance singulière dans le processus de lecture, stratégies de déstabilisation générique notamment. La troisième partie confronte ces stratégies aux discours critiques, notamment aux interventions de Sartre, et montre quelles réponses les deux auteurs apportent à ces discours, réponses qui infléchissent sensiblement leurs poétiques respectives.
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This study examines the central role played by reading in the poetics of Francis Ponge and Nathalie Sarraute, both in terms of the pragmatic aim of writing - to convince the reader of the "differential quality" emerging in a text (Ponge), and of the existence of the "tropisme" (Sarraute) - and of the construction of referents, the aforementioned only existing if recognized by a third party reader. These pragmatic and referential questions are viewed in relation to strategies of generic destabilization - Ponge in regards to poetry, Sarraute to the novel - both writers positioning their production inside generic categories as well as outside of them. Furthermore, the internal construction of reading is approached through the critical reception of works ranging from Ponge' early writings through the first moment of Pongean reception ending in 1958 and the adoption of the term "Nouveau Roman. " The first part clarifies the pragmatic role literary communication plays in both writers, specifically the relations between literary text and orality. The second analyzes the textual strategies, such as generic destabilization, that use the reading process to produce a specific form of knowledge. The third confronts these strategies with critical discourse on the works, notably by Sartre, and presents the two writers' responses to these discourses, responses that markedly influence their respective poetics.