Thèse de doctorat en Arts et lettres
Sous la direction de Claude Burgelin.
Soutenue en 2006
à Lyon 2 .
Pierre-Albert Jourdan (1924-1981), après dix ans d’une recherche plus strictement poétique, a essayé à partir de 1970, dans des fragments surtout, d’utiliser l’écriture pour se transformer intérieurement, et se rendre capable de rencontrer pleinement le réel. Il a alors multiplié les procédés pour agir sur soi, sur sa volonté, sa sensibilité, son intellect ou son affectivité. Des sentences, des injonctions à soi-même, lui servaient à se dissocier de comportements, de pensées, grâce à la vivacité ou à la violence de l’expression, et à l’ironie. Dans des passages d’aspect plus « poétique », le travail sur la langue creusait un état de dépossession et d’accueil face au monde, et à l’invisible – ou permettait de se mettre à l’école de la nature pour intérioriser ses suggestions éthiques. Jourdan usait aussi de l’écriture, à la façon du koan zen, pour se défaire des représentations mentales, faire vaciller l’intellect, et se précipiter dans l’épreuve des « choses telles qu’elles sont ». Ou, enfin, il s’appuyait sur elle pour se déprendre, par l’humour et le retrait, des émotions liées à l’échec et à la mort, et parvenir à l’accueil amoureux même de sa propre perte. Une tentative qui, même s’il a souvent répété son insuffisance, semble avoir permis la lumière, la sérénité de plus en plus sensibles dans ses derniers écrits, leur beauté, et leur utilité profonde pour le lecteur qui accepte de s’ouvrir à une expérience d’être.
Pierre-Albert Jourdan : writing as a spiritual exercise
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Pierre-Albert Jourdan (1924-1981), after ten years of a more strictly poetic quest, decided and tried, from 1970 to his death, to use writing, especially in fragments, as a way of transforming himself in order to wholly encounter reality. He resorted then to many methods to act on himself, his will, his sensibility, his intellect, or his affectivity. Aphorisms and self-injonctions helped him, with acuteness or even violence, and the use of irony, to get rid of some behaviours or thoughts. In more poetic-like texts, the working on language was intended to deepen a interior state of receptivity toward the natural world, the invisible that seems to underlie it, and the ethic suggestions that it offered. Jourdan tried also to direct writing against the intellect, to shake it, as the zen koan does, and make himself lose its representations and experiment « things as they are ». Or he relied on humor, on a withdrawing expression, to detach himself from emotions related to failure and death, and lovingly accept even his own ruin. An attempt that, even if he often repeated its insufficiency, seems to have permitted the light, the serenity, that can be felt more and more in his last writings, their beauty, and their deep utility for the reader who accepts to open himself to an experience of being.