Thèse soutenue

Implication des voies métaboliques associées à l'insuline dans la susceptibilité aux formes polygéniques d'obésité : études des gènes candidats ACDC/Adiponectine et ENPP1/PC-1

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Auteur / Autrice : Nabila Bouatia Naji
Direction : Philippe Froguel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé. Génétique humaine
Date : Soutenance en 2006
Etablissement(s) : Lille 2

Résumé

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L'obésité est une réaction naturelle à l'environnement obésogène actuel caractérisé par l'excès d'apport calorique et le manque de dépense énergétique. L'obésité est aussi un trouble métabolique grave qui prédispose au diabète de type 2 (DT2) et aux complications cardiovasculaires. Ces maladies concernent de plus en plus les adolescents et les jeunes adultes à cause de l'augmentation de la prévalence de l'obésité chez les enfants. Le fond génétique explique une part importante de la capacité des individus à stocker la graisse et à développer la résistance à l'insuline et le DT2. Nous avons ainsi évalué l'effet des variants génétiques situés dans les gènes ENPP1/ PC-1 et ACDC / adiponectine, imppliqués dans les voies métaboliques associées à l'insuline, sur la prédisposition aux formes polygéniques d'obésité. Une étude " génome entier " a permis d'identifier un locus de susceptibilité à l'obésité infantile sur le chromosome 6q16-q23. L'étude du gène candidat positionnel ENPP1/ PC-1, situé dans ce locus, chez 6147 sujets a montré que l'haplotype QdelTG composé par les allèles rares des SNP (Single Nucleotide Polymorphisms) K121Q, IVS20delT-11 et A>G+1044TGA est associé à l'obésité infantile (OR=1,69 ; p=0,0006), à l'obésité morbide de l'adulte (IMC ≥ 40) (OR=1 50 ; p=0,0006), à l'obésité modérée (30 ≤ IMC < 40) (OR=1,37 ; p=0,02), au DT2 (OR=1,56 ; p=0,00002) et explique partiellement la liaison en 6q. Chez les enfants, QdelTG a été associé à des niveaux circulants plus élevés de ENPP1/ PC-1. L'isoforme longue de l'ARNm de ENPP1/ PC-1 qui comprend le variant A>G+1044TGA présente un profil d'expression spécifique de 3 tissus clefs de l'homéostasie énergétique à savoir, le foie, le pancréas et le tissu adipeux. L'ensemble de ces résultats attribue un rôle causatif aux polymorphismes du gène ENPP1/ PC-1 dans l'établissement de la résistance à l'insuline et le développement conséquent de l'obésité et du DT2. La deuxième partie de ce travail a été consacrée à l'étude du gène candidat ACDC/ adiponectine. Des polymorphismes de ACDC/ adiponectine ont été associés à la résistance à l'insuline et au DT2. Dans ce travail, nous avons étudié le rôle des SNP-11377C>g, -11391G>A, +45T>G et +276G>T du locus ACDC dans la susceptibilité aux formes sévères de l'obésité, représentées par l'obésité infantile et l'obésité morbide de l'adulte. Les analyses cas/ témoins, ainsi que les analyses d'associations familiales (TDT), ont montré des associations individuelles et sous forme d'haplotype des allèles -11377C et +276T avec l'obésité sévère (0,001 ≤p< 0,10 ; 1,19 ≤ OR ≤ 1,24). Dans des études précédentes, les allèles complémentaires de ces 2 SNP (-11377G et +276G) ont été associés à l'hypoadiponectinémie et au DT2. L'analyse familiale de l'adiponectinémie (QTDT) dans une population générale a signalé une association entre des niveaux plasmatiques élevés d'adiponectine et l'haplotype à risque pour l'obésité sévère (p=0,03). Nos résultats suggèrent que l'adiponectine puisse jouer un rôle primaire dans le gain de poids. En effet, plusieurs travaux physiologiques et moléculaires ont montré que le maintien de la sensibilité à l'insuline est essentiel pour la fonction de stockage de l'adipocyte. Les SNP de l'adiponectine seraient des facteurs de risque pour l'obésité sévère qui, par le maintient de niveaux plasmatiques élevés d'adiponectine et, par conséquent, de la sensibilité à l'insuline, confèrent une protection contre le développement de la résistance à l'insuline et du DT2 chez les sujets obèses. En résumé, nos résultats reflètent la complexité des rôles que joue l'insuline dans le maintien de l'homéostasie énergétique. Ainsi, selon le tissu cible, autant la résistance que la sensibilité à l'insuline peuvent induire la prise de poids.