Thèse de doctorat en Psychologie clinique et psychopathologie
Sous la direction de Khadija Chahraoui.
Soutenue en 2006
à Dijon .
Le jury était composé de Hervé Bénony, Didier Cremniter, Lydia Fernandez, Dominique Lassarre, Claude de Tychey.
Les intervenants SAMU sont confrontés à de nombreuses interventions qui peuvent avoir un caractère traumatique (morts violentes, blessés graves, catastrophes, etc. ). L’urgence, l’imprévisibilité et la gravité des pathologies font aussi partie de leur quotidien professionnel. Dans cette thèse, menée dans le Service d’Aide Médical Urgent de Paris, nous nous demanderons si cette activité professionnelle spécifique a des conséquences émotionnelles et psychologiques pouvant avoir une influence sur la santé psychique des intervenants SAMU. L’étude porte sur 69 intervenants SAMU : médecins, infirmiers, ambulanciers et étudiants en médecine. Notre dispositif de recherche comporte une étude qualitative (entretien clinique à visée de recherche) abordant le vécu psychologique des interventions médicales et une étude quantitative du stress professionnel (Inventaire de Stress Professionnel de Spielberger), de l’épuisement professionnel (Maslach Burnout Inventory), du stress de la vie quotidienne (Echelle de Stress Perçu de Cohen & al. ), de la détresse psychologique (Questionnaire de Santé Générale de Goldberg), de l’état de stress aigu (l’Echelle Révisée d’Impact de l’Evénement de Weiss et Marmar) et de la pathologie post-traumatique (Questionnaire de Stress Post-Traumatique de Watson & al. ). Afin de mettre en évidence la spécificité des situations de stress et des réactions psychologiques du personnel SAMU, nous avons également constitué un groupe contrôle de 51 sujets provenant de trois services différents de celui du SAMU (hépato-gastro, endocrinologie et chirurgie digestive). Contrairement à nos attentes, cette étude montre que les intervenants SAMU présentent des niveaux faibles de stress professionnel, d’épuisement professionnel, de stress aigu et de détresse psychologique par rapport aux personnels des services d’hépato-gastro, d’endocrinologie et de chirurgie digestive. Sur l’ensemble de la population SAMU, nous n’observons qu’un seul état de stress post-traumatique. Il semble que ce ne soit pas les interventions les plus exceptionnelles qui soient les plus stressantes et les situations de stress professionnel, pourtant fréquentes chez les intervenants SAMU, sont davantage perçues dans une dimension stimulante. Au regard de ces résultats, nous nous sommes interrogés sur les capacités des intervenants à faire face aux situations professionnelles difficiles. La mise en évidence de stratégies défensives, lors des entretiens cliniques, nous éclaire. Ces dernières sont nombreuses, elles sont portées collectivement et semblent être indispensables pour mieux répondre aux situations de stress.
The psychological repercussions of emergency medical interventions by Emergency Medical Assistance Service (SAMU) members
First aid and ambulance staff (in France, referred to as the SAMU) are required to undertake many operations which ma be traumatic in nature (involving violent death, serious injuries, natural catastrophes, etc. ). Emergencies, unpredictability and serious illness therefore form part of their everyday professional lives. As part of a related study conducted by the Service d’Aide Médical Urgent (SAMU) in Paris, we asked the question of whether this specific professional activity has emotional and psychological consequences which may have an effect on the physical health of such emergency medical staff. The study involved 69 SAMU staff: doctors, nurses, ambulance staff and medical students. Our research made use of a qualitative study (clinical interview for research purposes) to address the psychological experiences resulting from medical interventions as well as a quantitative study of professional stress (Spielberger's Professional Stress Inventory), professional burnout (Maslach Burnout Inventory), stress in everyday life (Cohen & al. 's Perceived Stress Scale), psychological distress (Goldberg's General Health Questionnaire), acute stress states (Weiss and Marmar's Impact of Event Scale - Revised) and post-traumatic pathology (Watson & al. 's Post-Traumatic Stress Questionnaire). In order to reveal the specific nature of the stress situations facing emergency staff and their psychological reactions, we also formed a control group of 51 subjects coming from three other medical services (gastro/hepatology, endocrinology and colonic surgery). Contrary to our expectations, this study revealed that emergency medical staff exhibit low levels of professional stress, professional burnout, acute stress and psychological distress when compared to personnel from the gastro/hepatology, endocrinology and colonic surgery services. Out of all the emergency medical staff we studied, we observed only a single case of post-traumatic stress. It would appear that it is not the most exceptional interventions that are the most stressful and that the situations of professional stress frequently encountered by emergency staff are often perceived as stimulating. In the light of these results, we considered the capabilities called on by these staff in confronting difficult professional situations. The identification of defensive strategies during the clinical interviews shed some light on this question. There are many such strategies which operate at group level and seem to be essential in enhancing the response to stress situations.