Giuseppe Garibaldi : déconstruction d'un mythe : étude des rites
Auteur / Autrice : | Lionel Auddino |
Direction : | Michel Cassac |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langue, littérature et civilisation italiennes |
Date : | Soutenance en 2005 |
Etablissement(s) : | Nice |
Mots clés
Résumé
Dans la littérature et l'art commémoratifs garibaldiens, de l'unité au fascisme, le récit relatif à la révolution des Chemises rouges reflète l'existence d'un mythe politique moderne. C'est-à-dire un mythe fondateur qui s'attachait à transmettre rituellement une nouvelle vision du monde, et dont l'intelligentsia bourgeoise s'était faite la répétitrice. Peu importe le support dans lequel il s'insérait, il racontait toujours la fin violente d'un âge du monde suivie d'une nouvelle genèse, d'un recommencement absolu sous l'égide du novus dux : Giuseppe Garibaldi. Il révélait au fil des générations transalpines comment, à partir d'un sacrifice collectif, l'Italie et une lignée d'Italiens avaient commencé à exister. Un Garibaldi déifié en tant que père créateur laïc trônait ainsi dans les œuvres de façon à légitimer l'unité politique et le pouvoir libéral en place depuis 1860, et de façon à stimuler ou à renforcer le sentiment d'appartenance nationale des Italiens. Toutefois, au-delà de sa fonction étiologique, ce mythe cosmogonique qui s'était élevé au rang de croyance laïque, assumait une fonction paradigmatique. Au cours des rituels, il enseignait pacifiquement le code sacré de conduite sociale en demandant aux Italiens de se vêtir des nobles vertus civiques et humaines de Garibaldi. Mais, lorsque le contrôle de la religion profane tombait entre les mains de ministres moins pédagogues que belliqueux, comme les fascistes ou les communistes, le mythe exhortait les Italiens à imiter les valeurs héroïques, patriotiques et guerrières du père de la patrie. Il cristallisait ainsi leur rêve d'un nouveau commencement accessible par l'action violente.