Thèse de doctorat en Sociologie et sciences sociales
Sous la direction de Jacques Ion.
Soutenue en 2005
à Lyon 2 .
Ce travail de recherche vise à repérer et à dévoiler les ressorts selon lesquels les politiques publiques alimentent des processus identitaires et ce faisant contribuent à la perpétuation de groupes sociaux. Ainsi, les lois et les dispositifs qui encadrent les gens du voyage enferment ces populations dans un droit spécifique qui valorise peu l'appartenance à un collectif national, mais au contraire contribuent à formaliser des appartenances à un groupe social distinct et à fournir des critères administratifs de cette appartenance (mode d'habitat, ressources économiques). Ils participent de fait à l'homogénéisation des populations et à la construction d'un ensemble qui se trouve doté d'une cohérence interne et qui se voit différencié des autres ensembles. Les discriminations dont les nomades sont victimes contribuent à l'émergence d'un sentiment communautaire. L'expérience de l'enfermement et du génocide durant la seconde guerre mondiale constitue un moment historique clef dans l'émergence de ce sentiment. La prise de conscience des menaces pesant sur le groupe et sur ses intérêts propres (comme la possibilité de se déplacer et de stationner) a contribué à l'affirmation identitaire et à l'apparition d'associations et de porte parole. Si aujourd'hui les représentations se transforment de façon considérable et se diversifient, notamment du fait de l'institutionnalisation des lieux de débat, elles se transforment également de façon radicale dès lors que certaines d'entre elles se construisent non plus sur la base des discriminations vécues par le groupe, mais sur la base de la reconnaissance du statut de minorité ethnique.
Public policies and community identity : the case of travellers
Pas de résumé disponible.
This research seeks to identify and highlight the mechanisms through which public policies feed into the community identity process and in doing so contribute to the perpetuation of social groups. It examines how laws and public regulations that apply to the travelling community lock this population into a specific legislative framework which places little value on their membership of the national community. On the contrary, it serves to formalise their adherence to a specific social group, and to furnish administrative criteria for belonging to this group (lifestyle, economic resources etc. ). This public administrative framework contributes to the homogenisation of the travelling populations and to the definition of a distinct and internally coherent group, separate from other social bodies. The experience of imprisonment and genocide during World War II represents a key point in the development of a sense of community. The awareness of an external threat towards the group and its interests (such as the possibility of being mobile or of halting) has lead to the appearance of NGOs, community organisations and spokespersons which aim to defend them. If, at the present time, representations of this group are increasingly diverse, due, in part at least, to the institutionalisation of forums for discussion; they have also been radically transformed by the fact that their construction no longer rests upon on the basis of discrimination suffered by the group, but rather upon the claim to ethnic minority status.