Thèse soutenue

Le Deuil de personne : la possibilité de l'art et le tragique moderne

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Auteur / Autrice : Tomás Maia
Direction : Jean-Luc Nancy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2004
Etablissement(s) : Strasbourg 2
Partenaire(s) de recherche : autre partenaire : Université des sciences humaines. UFR Philosophie, linguistique, informatique et sciences de l'éducation (Strasbourg)

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La thèse affronte la plus ancienne question que l'on peut poser à propos de l'art, celle de son origine ou de sa possibilité. Nous partons d'une hypothèse générale sur l'Occident artistique : par l'art, les humains cherchent à renaître, mais une telle répétition de la naissance ne devient possible qu'à travers son strict revers - la répétition ou, plus exactement, l'anticipation de la mort. L'art serait à ce titre l'expérience de ce que certains sociologues et historiens des religions appellent la " mort-naissance " ou la " mort initiatique ". Dès lors, le souci le plus profond de la thèse revient à distinguer - autant que faire se peut - l'expérience artistique de l'expérience religieuse, si l'on admet que l'advenue des temps modernes coi͏̈ncide avec l'effondrement de la " religion positive " (des dogmes et du pouvoir ecclésiastique). Cette hypothèse générale est pourtant abordée sous un angle déterminé - celui du tragique. Outre le besoin de définir la teneur concrète de la thèse, cette restriction s'est imposée pour essentiellement deux raisons : c'est dans le tragique que l'on perçoit de façon explicite la conjonction de la mort et de la naissance du sujet de l'art (du héros, en l'occurrence), et c'est autour du tragique que l'on peut discerner ce que nous appellerons la croisée moderne des pensées sur l'art (face à la religion), - nommément celles de Hegel (l'art est une religion du passé), de Schelling (l'art est la religion de l'avenir) et enfin de Hölderlin (l'art se dessaisit sinon de la religion du moins du religieux en tant qu'exigence sacrificielle). Alors, il se fait jour que la possibilité de l'art - se séparant du sacrifice, ainsi que nous le donne à penser Hölderlin - provient de l'expérience du deuil impersonnel. Soit, du deuil représenté qui ne concerne personne en particulier mais qui s'adresse à tout le monde : à l'humanité mortelle.