Thèse soutenue

"Dieu est en réparation" : étude de la revendication du statut mystique dans l'œuvre de Louis-Ferdinand Céline : sotériologie gnostique, mystique de l'écriture et milice du spirituel

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Auteur / Autrice : Emilie Laurence Gonand
Direction : Julia Kristeva
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres, sciences humaines et sociales
Date : Soutenance en 2004
Etablissement(s) : Paris 7

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Céline a répété sur tous les tons qu'il n'était pas un "homme à messages" mais un "homme à style". Il existe en effet une sorte de "consensus" dans la critique célinienne française qui consiste de même à dissocier absolument le romancier "génial" du polémiste antisémite et pro nazi, soit une sorte de d'instance créatrice pure et la personne civile de l'auteur. Partant du principe que Céline "écrivain" est "beaucoup plus philosophe qu'il ne veut bien l'admettre", comme l'a d'ailleurs affirmé Marie-Christine Bellosta, cette lecture de l'œuvre se propose d'explorer l'influence qu'a pu avoir le mysticisme de tous poils, à la mode au début du siècle en Europe, sur la vision du monde de l'auteur. Cette "pensée d'un autre âge" a en effet largement contribué à l'édification, dans les romans mais aussi dans les écrits polémiques de Céline, d'une véritable "spiritualité" fondée sur la quête du "moi véritable", la haine de la "Loi" et le culte d'un corps "redressé". En fait, Céline, comme son ami Henri-Robert Petit et comme Alfred Rosenberg, a pensé trouver dans la révolte invalide de la gnose la source mythique de l'antisémitisme. Analyser son art poétique comme l'élaboration d'une "nouvelle mystique" permet ainsi de dégager la cohérence du discours esthétique et politique dans l'œuvre et de réinscrire sa pensée dans le contexte de l'avènement du nazisme en Europe. Car l'antisémitisme de Céline n'a rien de délirant et son adhésion au national-socialisme n'a rien d'ambivalent, d'accidentel ou d'opportuniste ; elle s'inscrit dans ce qu'Emmanuel Lévinas appelle, dans "Quelques réflexions sur la philosophie de l'hitlérisme", "une nouvelle conception de l'homme".