Thèse soutenue

Destins de femmes et liens familiaux dans les camps de réfugiés palestiniens en Jordanie, 1948-2001

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Auteur / Autrice : Stéphanie Latte Abdallah
Direction : Lucette Valensi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire contemporaine
Date : Soutenance en 2004
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Résumé

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Cette thèse aborde l'histoire des femmes palestiniennes réfugiées dans les camps de Jordanie depuis l'exode de 1948 à travers leur histoire familiale. Le parti pris de varier les échelles de l'analyse a conduit à distinguer trois moments. Tout d'abord, le temps long et l'échelle macro-historique des institutions, celles de l'humanitaire et du pays d'accueil, et des histoires nationales palestinienne et jordanienne. Sont ici isolés des événements marquants à partir desquels se redéfinit la fonction assignée à la famille, le pouvoir et les rôles familiaux changent ou font l'objet de discours et de stratégies visant à les modifier ou au contraire à les conforter : les deux exodes (1948 et 1967), la mobilisation pour la Palestine en Jordanie (1968-1971), le renouveau du militantisme des femmes suite à l'ouverture démocratique à partir de 1989. Puis, l'échelle micro-historique du cycle de vie familial, du cycle de vie individuel dnas l'histoire par une étude de générations et enfin le temps de vies insérées dnas une biographie familiale. Les familles des camps et les rôles des individus en leur sein ont changé au fil des cinquante années de l'exil, en dépit de la volonté du régime jordanien de conforter le pouvoir des familles et une idée de la tradition familiale, ou de l'utilisation par les partis palestiniens et par l'Islam politique des valeurs traditionnelles dans un discours militant et nationaliste. Les pratiques diffèrent aussi de l'affirmation publique par les familles des camps d'une image de la fixité de l'institution familiale depuis l'exode, un argumentaire destiné à établir une continuité identitaire et à conjurer la rutpure historique de l'exil. L'identité et les ressources familiales mobilisées en exil ont eu des effets sur les mobilités individuelles, particulièrement celles des femmes avant tout déterminées par leur rôle au sein du destin collectif. Quelle que soit l'identité familiale, les pratiques matrimoniales ont été infléchies par l'histoire, le pouvoir patriarcal et la représentation agnatique de la parenté remis en question, et les familles des camps se fragmentent et se féminisent. Face à la difficulté de bâtir le lien conjugal, les choix des femmes parrticipent aussi de cette reconstruction de réseaux homo-sociaux féminins. Ils affirment un féminisme populaire qui s'appuie sur l'idéologie familiale et sur le pouvoir conféré par les valeurs familiales traditionnelles pour contester le pouvoir masculin, au motif de son incapacité à jouer dans les conditions sociales et politiques de la vie des camps son rôle de protecteur des itinéraires féminins.