Thèse soutenue

Croissance économique et environnement

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Phu Nguyen Van
Direction : Rodolphe dos Santos Ferreira
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences Economiques
Date : Soutenance en 2003
Etablissement(s) : Université Louis Pasteur (Strasbourg) (1971-2008)

Résumé

FR

Cette thèse s'inscrit, grâce à des contributions théoriques et empiriques, dans un des principaux thèmes de recherche en sciences économiques, la relation entre la croissance économique et l'environnement naturel. Depuis Malthus, le débat sur cette relation suscite beaucoup d'attention de la part du monde académique et politique, tant au niveau national qu'international. Théoriquement, cette thèse, comme la plupart des travaux existants, montre que l'existence d'un développement durable - croissance économique accompagnée par la préservation de l'environnement - dépend de plusieurs facteurs, notamment de l'efficacité relative des activités de dépollution et de la pression démographique. Il est également démontré que les normes environnementales n'ont pas d'impact net négatif sur l'économie car la perte due à la mise en place de ces normes est compensée par l'accroissement de la productivité. Par ailleurs, la politique fiscale, représentée par les subventions au remplacement des machines, est particulièrement inefficace pour compenser la perte de production causée par un plan de réduction de consommation d'énergie. Sur le plan empirique, la discussion sur le développement durable se résume à l'étude de la Courbe Environnementale de Kuznets (CEK). L'existence de celle-ci signifierait que la qualité de l'environnement commence d'abord à se dégrader avec le développement économique jusqu'à un certain seuil de revenu au-delà duquel elle tend à s'améliorer. Cependant, la plupart des études portant sur cette courbe en U inversé souffrent d'une faiblesse majeure concernant le problème de la spécification. En effet, ces études n'ont pas suffisamment examiné la robustesse de leurs résultats souvent dérivés de modèles paramétriques - pour lesquels les indicateurs environnementaux sont généralement supposés d'une fonction linéaire, quadratique ou cubique du revenu - qui sont sujets à des erreurs de spécification. En conséquence, ces résultats, notamment la conclusion sur l'existence d'une CEK, ne sont pas robustes et engendre un certain nombre de contradictions observées dans la littérature. Sur le plan méthodologique, notre thèse propose des spécifications robustes, constituées par des modèles semi- et non-paramétriques, permettant ainsi de remédier à ce problème. Les résultats empiriques de la thèse donnent plusieurs exemples de non existence d'une CEK. Cela signifie que le mode actuel de production et de consommation est encore incompatible avec le développement durable. Les résultats obtenus dans cette thèse suggèrent un rôle important des politiques économiques et environnementales. Il faudrait agir sur la population, l'éducation et les institutions politiques pour pouvoir préserver et améliorer la qualité de l'environnement. Les normes environnementales et le progrès technique améliorant la productivité sont aussi des variables sur lesquelles il faudrait s'appuyer. En revanche, les politiques économiques traditionnelles ne devraient être appliquées dans le domaine de l'environnement qu'avec la plus grande prudence, car elles peuvent s'avérer inefficaces (par exemple l'inefficacité des subventions à l'investissement). Finalement, nous mettons en avance l'importance de tenir compte de la spécificité des pays dans l'élaboration des politiques environnementales.