Thèse soutenue

Pieds-noirs d'Algérie et descendants : du devoir de mémoire au travail de deuil identitaire
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Auteur / Autrice : Clarisse Buono
Direction : Michel Wieviorka
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2003
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Résumé

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La mémoire collective des pieds-noirs apparaît comme la base d'une identité ancienne, reproduite depuis plus d'un siècle. Cette thèse, ayant pour objet d'étude la construction des catégories d'identification des pieds-noirs d'Algérie et de leurs descendants, montre qu'il n'en est rien. L'identité pied-noir est née avec le rapatriement. Elle est non seulement récente mais encore éphémère car constituée sur des bases intransmissibles, une mémoire collective singulière. Après avoir étudié de quelle façon s'est composée puis s'est décomposée cette identité, il ressort que seuls des éléments propres à une identité des "rapatriés français d'Algérie" (et non plus de pieds-noirs) pourraient subsister dans la reconstruction identitaire des descendants de pieds-noirs. Or, cette reconstruction, portée par un idéal de démocratie multiculturelle, ne sera possible qu'à la condition d'un travail de deuil identitaire réussi. Car le travail du descendant de pied-noir ne consiste pas à intégrer ou non la communauté de ses parents, mais bien à se reconstruire sur les cendres de cette dernière, voire à l'achever. L'identité basée sur la mémoire collective pied-noir ne peut être reprise par les enfants car cette mémoire collective tire sa substance d'éléments qui les excluent. La seule façon pour les descendants de se voir offrir une construction identitaire sereine (sans la responsabilité de devoir faire survivre à travers eux une mémoire mourante) est ainsi d'hériter d'une mémoire parentale "re-travaillée" par des pieds-noirs "non-nostalgiques", les pieds-noirs dits "reconstructeurs modernes".