Thèse soutenue

La Région de dissemblance

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Auteur / Autrice : Henri Perrin
Direction : Marie-Anne Vannier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Théologie catholique
Date : Soutenance en 2002
Etablissement(s) : Université Marc Bloch (Strasbourg) (1971-2008)
Partenaire(s) de recherche : autre partenaire : Université Marc Bloch. Faculté de théologie catholique (Strasbourg1970-2008)

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L'expression "Région de dissemblance" est sortie de la plume de Platon pour décrire les errances d'un monde qui voudrait se passer de Dieu, et Plotin l'appliquera à la destinée de l'âme humaine : belle trouvaille littéraire mais non indispensable à leur philosophie. En revanche, saint Augustin en fait la pointe d'un texte où il consigne l'expérience spirituelle majeure de sa vie dont dépendra sa conversion ; cherchant à atteindre l'union avec Dieu par une méthode d'intériorité, il se sent brutalement refoulé "dans la région de dissemblance" devant le Dieu de l'Exode et comprend qu'il est un être crée et non émané de Lui : autre vision de Dieu, du monde, de l'homme. Retrouvant alors sa place dans une religion chrétienne qu'il connaissait mal, Augustin repensera cette vision en construisant une ontologie et une anthropologie sur lesquelles s'édifieront quinze siècles de christianisme. Alors que ces trois auteurs ne l'ont mentionnée qu'une seule fois, elle connaîtra une grande fortune au Moyen Age puisqu'on la lit plus de cent fois dans des homélies à tendance moralisante ; essentiellement ontologique chez les Grecs et Augustin, elle revêt désormais une dimension avant tout éthique, désignant la région du mal et du péché, avec toutefois deux exceptions : les Victorins et Maître Eckhart qui maintiendront les deux acceptions de la dissemblance. Le présent travail se voudrait une étude exhaustive de ce thème : centré sur Augustin en montrant comment des pans entiers de sa théologie s'originent dans cette région synonyme de "lieu de l'homme" lui permettant d'élaborer le statut de la créature, il explorera ensuite le soubassement philosophique grec dont il dérive en mettant en valeur l'originalité de la reprise augustinienne, pour enfin découvrir les nouveaux visages qu'il se donnera au Moyen Age en tâchant d'expliquer les raisons de sa subite propagation. En outre il est fourni une traduction française de tous les textes recensés à ce jour mentionnant cette expression.