Thèse soutenue

James Sacré ou La poésie de l'humilité

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Auteur / Autrice : Marie-Ange Labonne-Paoli
Direction : Marc Gontard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres modernes
Date : Soutenance en 2002
Etablissement(s) : Rennes 2

Résumé

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L'@oeuvre de James Sacré est représentative des tendances de son époque, tout en étant très singulière. Dans tous les recueils se dégage une humilité évidente. D'origine paysanne, le poète évoque son enfance à travers la topographie vendéenne, le milieu campagnard et un bestiaire fermier dignes de ceux de l'école de Rochefort. Les apprentissages scolaires et universitaires, loin d'atténuer cette humilité, la rendent plus efficace même lorsque le poète s'appuie sur de grands auteurs comme Rimbaud, Ponge ou les Préclassiques. Classé parmi les "nouveaux lyriques", James Sacré a su néammoins tirer profit du textualisme. L'humilité s'inscrit dans les modes d'écriture. L'oralité patoisante et familière, ponctuée de silences et de cris, est renforcée par la recherche d'une cadence originale : mètres alternés, rythmes secondaires s'ouvrant sur une sorte de prose, un phrasé particulier. Dans la visualité du poème, la modestie affiche les garde-fous de l'enthousiasme, réduisant les espaces, imposant des limites, des couleurs éteintes et des supports usés pour élaborer une écriture "bancale". Le peu, le moindre et le petit se retrouvent dans l'image du corps. Les textes miment l'allure étriquée, voire grotesque d'une présence physique qui avance vers l'autre, retient ses élans impétueux, maîtrise mal ses mouvements. L'humilité s'explique par la volonté de s'effacer derrière l'autre dont la voix préside à la création du poème. Altruiste, James Sacré salue l'amitié qui inspire et qui guide. La tolérance, l'acceptation des différences s'épanouissent grâce à l'hospitalité. L'être aimé ou le lecteur anonyme remplace la divinité. Et la parole univoque du dieu ancien devient un dialogue qui prend souvent la forme épistolaire : l'altérité se résout par la volonté d'un métissage. Néammoins, l'étrange reste un témoignage de la fausse facilité de cette poésie qui sait jouer avec son lecteur.