Thèse soutenue

La pratique du stoi͏̈cisme : recherche sur la notion d'usage (khrésis) de Zénon à Marc Aurèle

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Auteur / Autrice : Thomas Bénatouïl
Direction : Carlos Lévy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2002
Etablissement(s) : Paris 12

Résumé

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Les stoi͏̈ciens prolongent la tradition socratique qui analyse les pratiques humaines en termes d' "usage" (khrésis/khrésthai) de nos capacités ou de nos ressources pour relativiser leur valeur et s'interroger sur la bonne conduite à leur égard. On ne cherche pas à propulser l'usage au rang de concept de la philosophie stoi͏̈cienne, mais à utiliser cette notion discrète comme fil directeur pour parcourir l'ensemble du système stoi͏̈cien et analyser sa "théorie de la pratique". On distingue quatre formes principales d'usage dans les témoignages sur le stoi͏̈cisme hellénistique (parties I à IV): l'usage spontané des membres du corps (commun aux hommes et aux animaux), la maîtrise de l'usage de la raison, l'usage permanent et universel de la vertu, le bon usage des choses indifférentes. Chacune de ces formes d'usage, qui constituent aussi des étapes du progrès vers la sagesse, est replacée dans son contexte théorique (doctrines de l'animalité et de l'oikeiosis, de la raison et des passions, de la vertu, des indifférents et des préférés) et sa conceptualisation stoi͏̈cienne est comparée à des analyses aristotélicienne, académicienne ou épicurienne concurrentes. En tant que forme pratique de l'ajustement de l'homme à sa nature et à la Nature, chaque usage donne lieu à un défi relativiste, auquel le stoi͏̈cisme répond sans chercher à fuir l'ambivalence de l'usage: c'est dans l'immanence de la pratique de l'usage que s'élaborent les normes éthiques stoi͏̈ciennes, normes formelles qui ne bloquent pas le libre jeu de l'usage, mais définissent les conditions de son efficacité. Chez Epictète et Marc Aurèle (Vème partie), le progrès moral consiste aussi en une variété articulée d'usages et ce d'autant plu qu'est visée l'application pratique du stoi͏̈cisme: le bon usage des choses extérieures dépend de l'usage correct des représentations, qui s'inscrit dans le cadre de l'usage des facultés mentales et morales que Dieu a fournies aux hommes pour qu'ils vivent libres et sereins.