Thèse de doctorat en Sociologie et démographie sociale
Sous la direction de Catherine Bonvalet.
Soutenue en 2002
à Paris 10 .
Les femmes, et plus particulièrement les mères de famille, sont souvent considérées comme la clef de voûte des relations et des solidarités au sein de la famille. Pourtant, les études sur les transmissions culturelles et familiales entre générations privilégient souvent l'influence du père (à travers sa PCS par exemple), témoignage d'un certain héritage patriarcal dans les sciences sociales et humaines. Il s'agit ici de se pencher sur d'autres facteurs habituellement négligés, d'élargir le regard et de revisiter certains présupposés pour comprendre les héritages culturels et familiaux, la symbolique de la famille et un certain rapport au monde en se centrant sur le rôle de la mère, notamment à travers son histoire professionnelle et conjugale. Cette perspective permet ainsi de cerner comment les mères peuvent également transmettre certains modèles tant familiaux que conjugaux et professionnels à leurs enfants. En s'appuyant sur une enquête de l'Ined «Proches et parents» (1990) et des entretiens semi-directifs, on vérifiera si les diverses configurations familiales d'origine, définies par l'histoire professionnelle et matrimoniale de la mère, ont des effets différents sur les perceptions, sur les représentations des individus concernant la famille, les rôles sexués et le couple. Une analyse de la décohabitation, du statut matrimonial et du fonctionnement du couple mesuré à travers l'activité salariée des femmes soulignera s'il existe des modèles de conduites traditionnels ou novateurs associés au statut de la femme qui se transmettent, se reproduisent. Enfin, une analyse de l'entourage familial montrera s'il existe divers sentiments, comportements familiaux ou «esprits de famille» en fonction de ce que les individus ont vécu au sein de leur famille et selon l'histoire professionnelle et conjugale de leur mère. En outre, nous mettrons en lumière que certaines personnes, même issues d'une même famille, s'approprient et interprètent différemment leur vécu familial.
Family, breaking and continuities through generations
Women are usually considerated as family's mainstay : the care of the home, of small children, the produce of services for themselves and their families are always allocated to them. Nevertheless, the sociology of family has no really feminine dimension, favouring masculine one through men's social status. Indeed, father's education and social status seem to be the key in explaining socialization, transmissions and sex-role norms' variation. The aim of this dissertation is to focus on mothers' characteristics to analyse family's transmissions, values and sex-role norms and to understand how children internalize, or not, these models. We will distinguish working mother from nonworking mother, and familial configurations depending on parental matrimonial trajectory (divorce, separation, death). This view will point how mothers can hand down familial, matrimonial, professional models and identity to their children. Data from the "close family and parents" ("Proches et parents") Survey, conducted in 1990 at Ined and interviews that we realised are use for the empirical work. We will examine if some familial configurations affect representations, perceptions of the family and sex-role norms. We will analyse if there is différent attitudes, symbols, meanings, from leaving parents' home, marriage, women's activity but also family's feelings, kin's representations, relationship, depending in part on mothers' activity and matrimonial experience. Moreover, we will show that some persons, even if they come from the same family, haven't got same meanings of family, representations of future.