Thèse de doctorat en Démographie
Sous la direction de Thérèse Locoh.
Soutenue en 2002
à Paris 10 .
La féminisation croissante des taux de chefs de ménage a constitué la question de l'autonomie résidentielle féminine en objet de recherche. Cette thèse propose un éclairage des débats sur la question et cherche à mettre en évidence le contenu social et familial que recouvre la catégorie statistique des femmes chefs de ménage. Ce travail s'appuie sur deux démarches méthodologiques complémentaires. D'une part, l'exploitation des données quantitatives disponibles sur un pays, le Cameroun (Recensement 1975 et 1987 ; EDS - Enquêtes de Démographie et de Santé 1991 et 1998). D'autre part, une enquête biographique semi qualitative a permis de se dégager des catégories statistiques dans lesquelles l'information quantitative cloisonne l'appréhension des femmes chefs de ménage. Résultats : La catégorie statistique des femmes chefs de ménage rassemble une population féminine à la fois hétérogène, fluctuante, confrontée à des formes variées de monoparentalité et à une autonomie aussi constructive que déstabilisante. Dans l'ensemble, l'autonomie résidentielle reste encore étroitement liée au veuvage, bien que dans les métropoles, l'allongement du célibat prenne le pas sur tous les autres déterminants. Les formes officielles de polygamie sont à l'échelle du pays rarement associées au statut de chef de ménage. À partir de 30 ans les femmes chefs de ménage sont avant tout confrontées à la monoparentalité, bien que l'infécondité soit aussi un facteur décisif de l'expérience. Ce travail a produit des critères d'analyse qui servent l'étude comparative des statuts féminins, de la monoparentalité, et de la composition familiale des ménages à partir des données EDS. Il a également exploré les possibilités d'un traitement relationnel des données biographiques factuelles en vue de la classification des itinéraires. Cette approche a dégagé le cycle de l'autonomie résidentielle féminine.
Female-headed households in Cameroon : between independence, single motherhood, and isolation
The growing rate of female-headed households has raised the question of women's residential autonomy as a field of research. This thesis sheds light on the debates surrounding this issue and seeks to highlight the social and familial content covered by the statistical category'female-headed households'. The analysis is founded on two complementary methodological approaches and exploits the quantitative data available on the country studied, Cameroon (1975 and 1987 census figures; DHS - Demographic and Health Survey for 1991 and 1998) and a semi-qualitative biographical survey, which made it possible to step outside the statistical categories that have limited understanding of female-headed households in quantitative data. Results: The statistical category Temale-headed household' is made up of a heterogeneous and fluctuating population of women faced with varied forms of single motherhood and an independence that is as constructive as it is unsettling. Overall, residential independence still remains closely tied to widowhood, although in urban metropolises an extended period of single life has outstripped all other factors. Countrywide, official forms of polygamy rarely grant women the status of head of household. Above the age of 30, women heads of household are above all single parents (70% of mothers), although infertility is also a decisive factor. This thesis produces analytical criteria for the comparative study of women's status, single motherhood, and the family composition of households using DHS data. Relational treatment of factual biographic data allowed the classification of life paths, leading to the clarification of female residential independence cycles.