Thèse de doctorat en Sciences de l'éducation
Sous la direction de Patrice Ville.
Soutenue en 2002
à Paris 8 .
La métaphore de l'ombre de l'auteur m'a permis d'explorer les rapports de force engendrés par le clivage entre des pratiques d'écriture qualifiées d'ordinaires et d'autres socialement perçues comme rares ou exceptionnelles. Cette métaphore m'apparaît pertinente en sciences de l'éducation car elle permet une analyse de l'acte d'écrire pris dans un rapport particulier, celui du faire-écrire, rapport partagé par des acteurs du monde éducatif : enseignants, formateurs d'adultes, tuteurs de mémoire, animateurs d'ateliers d'écriture. C'est à partir de ce champ d'observation - auquel je participe professionnellement - que j'ai retravaillé mon hypothèse de départ : aujourd'hui la figure de l'auteur est toujours l'interprétant final de l'acte d'écrire ; à son ombre, les scripteurs évaluent (sous-évaluent ou sur-évaluent) leurs pratiques et leurs productions scripturales. J'ai replacé cette hypothèse de travail dans une perspective socio-historique et l'ai déclinée en trois questions : Qu'institue la figure de l'auteur dans l'acte d'écrire ? Quels effets produit-elle sur l'actualisation des différentes potentialités de cet acte mises en lumière et masquées par la polysémie du verbe écrire ? Quelles contradictions, quels rapports de force sont mis en jeu par l'institutionnalisation de la forme sociale auteur ? Cette recherche s'inscrit dans la perspective de l'analyse institutionnelle par le choix des postures méthodologiques et des concepts directeurs sur lequel j'appuie ce travail. Ainsi, l'élucidation de la transversalité - une méthode issue de la socianalyse (ou analyse institutionnelle en situation d'intervention) - m'apparaît opératoire dans les pratiques d'accompagnement à l'écriture parce qu'elle inclut dans le champ d'analyse les implications des professionnels du faire-écrire. Dans cette optique, je propose la notion de transversalité scripturale
The author's shadow : the power relations in the act of writing
Pas de résumé disponible.
The metaphor of the author's shadow allowed me to explore the power relations generated from the separation between writing practices qualified as " usual " and those considered " exceptional " or " rare ". Such a metaphor seems to me pertinent in educational sciences, as it allows the analysis of the particular writing act existing in situations of accompanying adults during professional or academic writing. Such situations, in which I do participate professionally, was the basis of my first hypothesis : the author's figure is always absolutely central. The writer's practices and productions are evaluated (under-evaluated or over-evaluated) according to the author's figure. Three questions have been examined in a social-historical trend : what does the author's figure institute while writing ? Which are the effects of this figure in the various meanings of the word " writing " ? Which are the contradictions, the power relations involved in the institutionalisation of the author as social form ? This study is carried out a perspective of institutional analysis, following its method and concepts. Thus, the idea of " élucidation de la transversalité " - coming from the socio-analysis (the institutional analysis's practice of intervention) - seems to operate in the accompanying writing process. This is the reason for which I suggest the notion of " transversalité scripturale "