Thèse soutenue

Forme et mémoire d'une contrainte : Poïé6 de la sextine dans les romans d'Hortense de Jacques Roubaud

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Auteur / Autrice : Élisabeth Lavault
Direction : Emmanuël Souchier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres, sciences humaines et sociales
Date : Soutenance en 2002
Etablissement(s) : Paris 7

Mots clés

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Résumé

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Jacques Roubaud, mathématicien et membre de l'Oulipo, introduit dans les trois actuels romans d'Hortense, La Belle Hortense, L'Enlèvement d'Hortense et l'Exil d'Hortense, une contrainte oulipienne adoptant la forme de la sextine, canso inventée par le troubadour Arnaut Daniel. Repérée par Raymond Queneau, dont la proximité est suggérée par les allusions à Pierrot mon ami, la sextine est fondée sur la récurrence spiralée de six mots-rimes. Elle correspond aux choix de Roubaud, qui entrelace aux jeux sur les nombres et à l'écriture sous contraintes la prégnance de la mémoire, qu'il théorise en faisant de la poésie la mémoire de la langue. Le déplacement d'une forme poétique dans l'écriture romanesque s'appuie sur une modélisation littéraire, combinant intertextualité et méthodes oulipiennes, déjà utilisées dans les autres oeuvres de l'auteur. La contrainte apporte dans la structure et la diégèse romanesque une rigueur formelle et rythmique, fondée sur la répétition et illustrée par la spirale métaphorique de l'escargot. Pour chacun des romans l'auteur invente des variantes de la sextine, qui devient fil conducteur d'une enquête policière, et introduit à la manière oulipienne un dérèglement, ou clinamen. L'herméneutique vise à délimiter les relations entre sens et arbitraire de la contrainte choisie et, dans le déchiffrement du sens formel de l'écriture, s'attache à l'importance de la mémoire, inscrite grâce aux nombres, aux réminiscences littéraires et au cryptage biographique. L'étude aboutit à une recherche sur cette " technique consciente " du roman, genre que l'auteur aborde par l'humour et l'ironie.