Thèse de doctorat en Psychopathologie fondamentale et psychanalyse
Sous la direction de Maurice Dayan.
Soutenue en 2002
à Paris 7 .
Notre travail consiste en une réflexion psychanalytique sur la torture à travers la problématique de l'emprise et de ses liens avec le sentiment de toute-puissance. Il se décline sous trois aspects : une approche historique de la torture à travers l'exemple de l'Argentine durant la période 1976-1983 ; une réflexion anthropologique et psychanalytique sur la pratique de la torture et enfin une partie clinique relative aux victimes de torture politique d'une part et aux victimes de perversion dans la torture d'autre part. La prise de pouvoir des militaires met en évidence une pratique systématique de la torture en lien avec un imaginaire mystique. L'église prit un rôle déterminant dans l'application de la répression en fournissant un étayage idéologique aux militaires. La deuxième partie met en évidence la nature de l'imaginaire qui a sous-tendu la répression ainsi que le mythe des origines. La torture s'est pratiquée sous la forme d'une ritualisation de la violence afin d'asseoir un sentiment de toute-puissance dans la réalité. La dernière partie met en évidence les différences entre les victimes de torture politique celles victimes de perversion dans la torture quant à la nature des symptômes développés. Les victimes de torture politiques développent des symptômes somatiques, alors que les victimes de perversion adoptent des attitudes d'autodestruction. L'altération du corps trouve son ancrage dans plusieurs phénomènes : la culpabilité, la douleur comme défense narcissique. L'idéal nous apparaît tenir un rôle fondamental dans la distinction entre ces deux cliniques. Cependant sa défense est synonyme de mise en danger de mort, ce qui nous convoque sur la problématique du sacrifice. Le sujet se retrouve face à une alternative : demeurer une victime et garder la reconnaissance sociale ou bien effectuer une démarche individuelle de survie au risque d' être désavoué.
Our research consists of thoughts about torture throughout the problems with the mastury and its links to the feeling of almightyness. This covers three aspects : an historical approach of torture by looking at the example of Argentina during the period 1976-1983 ; the anthropological and psycho-analytical aspects of the way of torture and finally the clinical one related to the victims of political torture and the victims if the perverse torture. The seizure of power by the militaries reveals a systematic torture in connection to the mysticism. The church had an essential role in enforcing the repression by providing an ideological support to the militaires. The second part demonstrates the imaginary nature that underlies the repression as well as the myth around which the militaries gathered. Concerning the clinical part, the traumatic character of the torture has its origin in the threat of the ego faced against the impulsive danger of an internal drive that is overtaken by the external danger. The deteroration of the victims bodies find its anchorage in several phenomena : the guilt, the pain as the narcissistic self-defense but also the necessity to expose the body as an historical sanctuary confronting the revisionism and the lies. We have noticed that the victims of political torture show different signs of symptoms than the victims of perverse torture such as somatic symptoms where the victims subject to perverse torture adopt self destructive attitudes. However, the self-defense is synonym of self destruction which brings us further to the sacrifice. The subject will be confronted with the following alternative : either to stay a victim and keep the social recognition or to take the necessary step to start an individual survival action with the risk of being disclaimed.