Thèse de doctorat en Études cinématographiques et audiovisuelles
Sous la direction de Jacques Aumont.
Soutenue en 2002
à Paris 3 .
Cet essai de théorisation du montage a pour hypothèse de départ une idée simple : les images seraient porteuses d'une énergie que le montage devrait prendre en charge, actualiser, polariser. Quels sont les outils qui nous permettrons d'apprécier les variations de cette énergie ? Outre la connaissance intuitive que nous avons de l'énergie, par notre corps, nous proposons d'utiliser essentiellement des modèles mécaniques : la mécanique des solides pour les problèmes de liaison et d'articulation ; la mécanique des fluides pour saisir le principe essentiel de l'énergie : sa conservation. Ces modèles scientifiques sont pris comme modèles métaphoriques, c'est-à-dire moins pour leur pouvoir de modélisation - de normalisation - que pour leur force heuristique. L'analogie est risquée et cette conceptualisation pour le moins expérimentale, mais elle peut donner une plus grande intelligibilité de la grande variété des formes de coupe. On retiendra de la mise en évidence de cette force en action dans les images, de cette production de travail, la notion de degré de liberté et les déformations que peuvent entraîner les dysfonctionnements. Le modèle des fluides met aussi en évidence la force de transformation des images et offre une vision plus continue des enchaînements, jusqu'au montage photogrammatique. En effet, avec la notion d'énergie, nous retrouvons l'essence des images mobiles, leur vibration. Alors, on dira que l'énergie se confond avec la matière de l'image. Par cette équivalence et, au contraire, l'illusion d'une vision mécaniste des phénomènes que donne souvent le montage, nous avons aussi été amenés à interroger le temps cinématographique. Les analyses d'œuvres de J-L Godard, J-M Straub et D. Huillet, M. Antonioni, R. Bresson, A. Pelechian, A. Tarkovski, B. De Palma et d'artistes contemporains comme Jean Tinguely ont permis de préciser ces problèmes.
Theory of energy in montage
The starting point of this essay for theory of montage is a simple hypothesis : images carry an energy and editing is supposed to activate and polarize. What will we use to learn all the variations of energy? First of all, we have an intuitive knowledge of energy's circulation with our body. We propose to use mechanical models : with solids we will have another vision of links between shots; with the fluids (liquid and gas), we will understand the principal quality of energy, conservation. Nevertheless, these scientific models will not authorize a normative way. It deals with heuristics. We wish the risk of this analogy and its experimental degree will give intelligibility to the great variety of cutting. Observing the force in action in image chain, a production of work, as we say in mechanical terms, we will retain this notion for links : the degree of liberty. The tension between shots also includes a process of deforming. The fluids will give the continual aspect of montage, essentially with images transformation. The principle of a montage between frames will arise and recover the essential vibration of moving images. Energy is Matter. With this result and, on the other hand, with the illusion of a mechanistic process that gearing of shots usually gives, we have often questionned the concept of time. Analysis of different works from J-L Godard, J-M Straub et D. Huillet, M. Antonioni, R. Bresson, A. Pelechian, A. Tarkovski, B. De Palma and some contemporary artists like Jean Tinguely led us to precise problems.