Thèse soutenue

L'atelier de saint Luc et ses métamorphoses

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Auteur / Autrice : Gilbert Bortoli
Direction : Philippe Morel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Art et archéologie
Date : Soutenance en 2002
Etablissement(s) : Paris 1

Mots clés

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Résumé

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De Roger Van der Weyden, vers 1435, jusqu'à Balthus, en 1980-1981, les peintres se sont représentés à l'ouvrage dans leur atelier ou dans tout autre lieu intérieur, voire extérieur. A l'origine saint Luc, médecin, évangéliste et premier peintre de l'ère chrétienne selon une tradition émergeant à Byzance au sixième siècle, s'attache à reproduire les traits d'un modèle prestigieux, la Vierge Marie. Au début du seizième siècle Apelle, autrefois peintre officiel d'Alexandre le Grand, accompagne puis remplace Luc dans l'imaginaire des artistes. Il est le plus souvent représenté faisant le portrait de Campaspe, favorite du souverain, que ce dernier offre à l'artiste qui en est tombé profondément amoureux. Dans le sillage de ces deux références, la scène représentant un atelier profane ou un quelconque lieu de pose se renouvelle en permanence jusqu'à la fin du siècle dernier. Au premier degré, elle rend compte d'un simple exercice, parfois coloré de libertinage ou d'érotisme; elle est aussi le théâtre de la vie d'artiste. Au second degré, cette représentation véhicule les pouvoirs de la peinture, soit en évoquant certains sentiments éprouvés par les peintres, soit en manifestant leurs ambitions. En compagnie d'autres éléments valorisants (textes littéraires, autoportraits, allégories, récits de la faveur des Grands, maisons privées prestigieuses, protection des dieux de l'Olympe), l'image de l'atelier du peintre s'affirme donc comme un moyen privilégié pour exalter les talents de l'artiste, l'éminence de son art et plus généralement la gloire du peindre.