Clergé et encadrement clérical en Cévennes de la Révocation à la Révolution : le diocèse d'Alès. 1687-1791

par François Pugnière

Thèse de doctorat en Histoire et Civilisations

Sous la direction de Henri Michel.

Soutenue en 2002

à Montpellier 3 .

mots clés

• Église catholique -- Diocèses -- 18e siècle
• Pastorale (religion) -- 18e siècle
• Réforme protestante
• Clergé -- France -- 18e siècle
• France. Édit de Fontainebleau (1685)
• Cévennes (France ; massif) -- 18e siècle
• Alès (Gard) -- Diocèses

Résumé

Né des conséquences directes de la Révocation de l'édit de Nantes, dans un contexte politique international difficile, le diocèse d'Alès devait répondre à la nécessité d'encadrer les nouveaux convertis à la foi catholique, s'inscrivant dans le cadre du mouvement de Réforme et de Contre-Réforme entrepris depuis le début du XVIIe siècle par les évêques de Nîmes. Terre de mission par excellence, “ l'evesché des Sévennes ” devint ainsi le lieu d'action des réguliers, des compagnies de prêtres et des séculiers, contrastant avec le zèle inégal du clergé paroissial, alors que très tôt s'affirma le refus de la pratique chez des nouveaux convertis qui l'étaient en fait fort peu dans leur globalité, malgré des conquêtes marginales. À une pastorale de la conversion, fondée sur la contrainte salutaire et les “ voyes de la rigueur ”, d'une ampleur moindre au lendemain de la guerre des camisards, succéda au milieu des années 1750 un abandon de fait des “ frères errants ” et un recentrage de la pastorale sur le troupeau fidèle, alors que le clergé diocésain, formé de façon beaucoup plus rigoureuse, intériorisait en profondeur l'ecclésiologie post-tridentine. Agités par les tensions et courants qui traversèrent l'Église de France au XVIIIe siècle, ces prêtres furent conformes aux modèles dégagés par la plupart des études en sociologie religieuse menées ces trente dernières années, mais en revêtant les spécificités propres à un espace de frontière religieuse, où les protestants représentaient deux tiers des fidèles. Au terme de ce siècle d'encadrement clérical devait émerger des modèles de comportements confessionnels qui traversèrent tout le XIXe et toute la première moitié du XXe siècle.

Résumé

Brought about by direct consequences of the revocation of the edit of Nantes, in a difficult international political context, the diocese of Alès were an answer for the necessity to confirm new converts in the catholic faith, within the framework of the movement of Reformation and Counter-Reformation undertaken since the beginning of the XVIIth century by bishops of Nîmes. Land of missions, “ l'evesché des Sévennes ” became thus the action place of monks, companies of priests and other seculars, contrasting with the unequal zeal of the parochial clergy, while very early refusal of religious practice asserted themselves by new converts who were in fact very little converted. At a pastoral of conversion, founded on the salutary constraint and “ voyes de la rigueur ”, less extent in the days following the war of Camisards, followed in the middle of years 1750 an abandonment of “ frères errants ” and a refocus on the faithful herd, whereas the diocesan clergy, formed much rigorous, had internalised in depth the post-tridentin ecclesiology. Troubled by tensions and currents which went through Church of France in the XVIIIth century, these priests were in conformity with modalities brought out by the majority of studies in religious sociology conducted these thirty last years, but having its own specificities in this space of religious frontier, where protestants represented two thirds of populations. At the end of a century of clerical control did to emerge patterns of behaviour which bring out the totality of the XIXth century and the first half of the XXth century.