Thèse soutenue

Un nouvel ordre artistique : la "politique des auteurs", la Nouvelle Vague et l'invention du cinéma d'auteur (1950-1960)

FR
Auteur / Autrice : Philippe Mary
Direction : Louis Pinto
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2002
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Résumé

FR

Le cinéma français connaît, à la fin des années 50, une révolution symbolique, c’est-à-dire un moment de crise par lequel se trouvent redéfinis à la fois l’espace des discours et l’espace de la production des œuvres. Cette transformation commence par un travail critique, la « politique des auteurs » (Cahiers du cinéma) et se poursuit par les effets d’une production cinématographique que l’on rassemble ou repère sous le terme générique de « Nouvelle Vague ». François Truffaut, Jean-Luc Godard, Eric Rohmer, Jacques Rivette, Claude Chabrol, Alain Resnais, Agnès Varda sont les principaux agents de cette transformation. Souvent diplômés ou bien « héritiers » sans diplômes, espérant devenir écrivains ou l’étant déjà, ils font partie de cette « bohème cinéphilique » qui apparaît après-guerre et qui prend place dans le cadre d’un processus plus large de légitimation du cinéma. Durant cette période, le champ du cinéma français se caractérise par le fait d’être sous l’emprise d’une logique à la fois politique et corporative : privilège des jugements politiques et subordination structurale des réalisateurs, en concurrence avec les scénaristes de métier, les techniciens de renom, les vedettes et les producteurs. La « politique des auteurs » opère la critique « esthétique » de la critique politique. Par la promotion d’un panthéon cinématographique, elle donne lieu à une sacralisation fétichiste du metteur en scène comme « auteur » et à un sacrilège contre le cinéma français dominant, celui de la Qualité. L’œuvre cinématographique de la Nouvelle Vague, elle aussi, inverse les valeurs de ce cinéma : les jeunes cinéphiles tournent des films selon une logique qui place le réalisateur en position de monopole de la violence créatrice. Ce monopole se constitue à des niveaux différents : un niveau économique ; un niveau technique ; un niveau thématique. La socio-analyse des stratégies artistiques fait apparaître l’unité de ces actions par lesquelles s’instaure un nouvel ordre artistique mais aussi la logique d’une différenciation des styles.