Thèse soutenue

Du Rouergue carolingien au Rouergue féodal (IXe - XIIe s. )

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Auteur / Autrice : Frédéric de Gournay
Direction : Pierre Bonnassie
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Toulouse 2

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Cette thèse entend préciser les modalités du passage de la société carolingienne à la société féodale. La question n'a guère été abordée en Rouergue, alors même qu'il constitue un cadre pertinent, relativement vaste, doté d'une documentation riche et diversifiée -plus de 2500 chartes antérieures à 1200, de remarquables textes hagiographiques et littéraires (Miracles de sainte Foy et Chanson de sainte Foy). Cette documentation permet d'éprouver la validité du modèle « mutationniste » remis en cause depuis une dizaine d'années. Les limites chronologiques retenues (de 801 à 1214) induisent un plan tripartite : une analyse de la société carolingienne; la crise de l'an mil ; les structures féodales. Le Rouergue carolingien se définissait comme un « pagus « ; les comtes de Toulouse-Rouergue y assuraient le respect d'un ordre public reposant sur la loi romaine. Ce légalisme permettait la coexistence d'une aristocratie domaniale et d'une paysannerie alleutière assez nombreuse. Même coexistence entre un système domanial dispersé, centré sur la « curtis » et des terroirs libres composés de mas et de capmas. Cet ordre public est mis à mal dès la fin du Xe siècle. Les autorités faiblissent dès le règne de Raimond III ; les petits alleutiers vendent leurs alleux ; surtout de nouveaux venus, les « milites », font régner la violence à partir de leurs reoaires, les forteresses (principalement des roques). La justice publique ne fonctionne plus, les formules contractuelles se délitent et disparaissent ; on n'invoque plus la « lex » mais la colère divine. La société rouergate des XIe et XIIe siècles est pleinement féodale. Domination d'une classe chevaleresque, la « militia » permettant l'intégration précoce et reciproque des « seniors » et de leurs « submilitones » ; sujétion de l'ensemble des paysans réduits à la condition de tenanciers, avec apparition de véritables serfs, les hommes donnés ou « hommes naturels » ; redistribution des profits de la seigneurie (« seinnoria ») par le truchement des relations féodo-vassaliques ; affirmation d'un personnel féodal (« feusals » et « fevaters »). Les anciennes catégories romaines 'ordre public, propriété privée, droit écrit) sont oblitérées par de nouvelles catégories : l'alleu, le fief, la viguerie. L'exemple du Rouergue confirme la pertinence du concept de « mutation féodale ».