Thèse soutenue

Les sectes et le droit pénal

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Auteur / Autrice : Muriel Stauder
Direction : Yves Strickler
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Droit pénal et sciences criminelles
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Université Robert Schuman (Strasbourg) (1971-2008)

Résumé

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Les sectes peuvent au même titre que tout un chacun tomber sous le coup de la loi pénale, lorsqu'elles ne respectent pas ses prescriptions. Ainsi, les sectes ne peuvent nier les règles relatives à la protection de la dignité humaine. Ces règles permettent de protéger la personne contre tous les actes qui auraient un caractère inhumain ou dégradant. Outre le respect de la dignité, les sectes sont également tenues au respect de la vie et du corps d'autrui ainsi que de ses biens. Les problèmes suscités par la preuve permettent de comprendre en partie le manque apparent de sanctions en matière sectaire. En effet, la preuve des infractions n'est pas toujours aisée, notamment car les faits sont souvent commis dans un milieu fermé. La peur suscitée par la puissance de certains groupes explique aussi l'inaction de certaines victimes. La victime se retrouve souvent seule, ayant quitté famille, ami et travail. Si elle décide de poursuivre la secte en raison des infractions dont elle a souffert, elle devra affronter un groupe structuré, hiérarchisé et beaucoup mieux préparé à affronter un procès. De plus, la honte d'avoir subi certains actes peut s'ajouter à la peur. Hormis ces limites, il a pu apparaître que le peu de décisions pénales était enfin dû au fait que les textes n'étaient pas toujours adaptés au phénomène sectaire. Certains faits, comme la manipulation mentale, ne tombaient sous le coup d'aucune incrimination. Cependant, les sectes comme toute autre personne ont droit au respect de leurs libertés et droits fondamentaux. Les textes proposés ne respectent pas toujours ces libertés. De plus, la mise en œuvre de la notion peut présenter d'importantes difficultés. D'autres mesures plus ponctuelles peuvent être envisagées pour compléter la législation actuelle, telles que l'extension de la responsabilité des personnes morales à toutes les infractions ou la suspension du délai de prescription de l'action publique tant que la victime est sous l'emprise de la secte. Cependant il ne s'agit de faire du phénomène sectaire une << chasse aux sorcières >>, en attribuant ainsi le rôle de victime aux sectes. Il convient simplement d'envisager des mesures qui permettraient de concilier tous les intérêts en cause, c'est-à-dire tant ceux des groupes sectaires que des personnes, adeptes ou non, qui pourraient en être victimes.