Thèse de doctorat en Linguistique
Sous la direction de Carol Sanders et de Françoise Gadet.
Soutenue en 2001
à Paris 10 en cotutelle avec l'University of Surrey .
Cette thèse vise à tester l'hypothèse de Lakoff (1975), selon laquelle le discours des femmes est plus poli ou hésitant que celui des hommes. Elle focalise sur une analyse détaillée de l'emploi, dans un échantillon du français parlé contemporain, des incises parenthétiques et des particules énonciatives c'est-à-dire, enfin, hein et quoi. Les incises et les particules énonciatives répondent toutes les deux aux demandes de réparation et de sauvegarde de face qui caractérisent l'oral spontané. Le corpus d'oral spontané de dix-sept heures de longueur a été transcrit orthographiquement et soumis à des études aussi bien qualitatives que quantitatives. Les analyses qualitatives ont permis d'évaluer les facteurs contextuels qui motiveraient l'emploi des incises et des particules. Les analyses quantitatives, quant à elles, visaient à mesurer la fréquence d'apparition de ces éléments selon le sexe, l'âge et le niveau d'éducation du locuteur. Tandis que l'étude détaillée de facteurs contingents tels que les rôles sociaux adoptés par les locuteurs démontre la valeur d'une approche qualitative, l'approche quantitative voit sa légitimation en raison de la généralisabilité ou la falsifiabilité des résultats qui s'avèrent être à un niveau de significativité statistique. Les deux types d'analyse présupposent une sous-catégorisation des emplois pragmatiques de l'élément linguistique en question. Notre travail de thèse nous amène à la conclusion que, si l'emploi des incises et des particules diffère en fonction du sexe du locuteur, l'asymétrie ne réside pas dans le degré d'hésitation manifesté mais plutôt dans l'emploi de telles expressions pour introduire des ramifications explicatives ou des réparations, ces deux phénomènes étant bien plus évidents chez nos locuteurs que chez nos locutrices. Si le discours des femmes est plus poli, ceci est dû à la plus grande habilité que manifestent celles-ci dans l'emploi des particules, soit pour structurer leur discours, soit pour maintenir le contact avec leur co-locuteur.
The @speech of men and women in contemporary French : the function of parenthetical remarks and the pragmatic particles c'est-à-dire, enfin, hein and quoi
This thesis sets out to test Lakoff's (1975) hypothesis that women's speech is more polite or tentative than men's through a detailed analysis of the usage, in a sample of contemporary spoken French, of parenthetical remarks (PRs) and the pragmatic particles (PPs) c'est-à-dire, enfin, hein and quoi. PRs and PPs serve both the repair requirements and the social interactional 'face-work' which are characteristic of spontaneous speech. Qualitative and quantitative investigations were conducted on the seventeen-hour corpus of orthographically-transcribed spontaneous speech. The aim of the qualitative analysis was to evaluate the contextual factors which may motivate the use of PRs and PPs. The quantitative analysis, by contrast, set out to measure the distributional frequencies of their usage according to the sex, age and educational background of the speakers. Whilst the detailed exploration of contingent factors such as the social roles adopted by the speakers demonstrates the value of a qualitative account, the fact that it is possible to make generalisable or falsifiable pronouncements on the basis of results found to be statistically significant in the data legitimises the adoption of a quantitative account. Both qualitative and quantitative analyses presume a prior sub-categorisation of the pragmatic usages of the linguistic item under investigation. The thesis arrives at the conclusion that, if men's and women's usage of PRs and PPs differs in the corpus, the asymmetry lies not in the degree of tentativeness displayed but rather in the use made of such expressions to introduce explanatory ramification and to mediate repair, both of which are favoured to a greater extent by the male speakers in our corpus. If the female speakers display greater politeness, it lies in their more adroit usage of the PPs to structure discourse and to maintain contact with their interlocutor.