Thèse soutenue

Essence d'une nation : cinéma, société et idée nationale en France à la fin des années vingt

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Auteur / Autrice : Dimitri Vezyroglou
Direction : Pascal Ory
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Paris 1

Résumé

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Le cinéma, en tant qu'objet d'histoire culturelle, se définit à la fois comme une production artistique et comme une pratique sociale. Il s'agit de contextualiser l'étude des représentations sociales qu'il véhicule, c'est-à-dire de mettre en valeur le conditionnement social de leur production et de leur réception. Sur le plan épistémologique, le choix du temps bref de la fin des années vingt permet l'exploration des manifestations les plus fines des mentalités de l'époque. Sur le plan méthodologique, il permet de croiser des sources très diverses, et donc d'envisager tous les liens qui unissent l'imaginaire social à son contexte. Or le cinéma cristallise, à cette époque, les principales interrogations autour de l'idée nationale française, dans un contexte de modernisation et de fin d'après-guerre. L'étude de la réception des films et de la perception du cinéma par le corps social met en évidence le palier que constitue cette période dans l'histoire du spectacle cinématographique en France et l'évolution des rapports entre les pouvoirs publics et le cinéma. C'est aussi l'apogée d'une conception du cinéma comme arme de la conquête idéologique des masses. L'étude du champ de la production cinématographique, de la situation des auteurs dans ce champ et du film comme "produit national" permet de comprendre la valeur et la portée des représentations produites, envisagées selon la gradation de leur valeur heuristique. Le premier degré est celui du rapport à l'espace national et aux structures sociales, marqué par une projection très littéraire et conventionnelle de l'idée nationale. Au deuxième degré -celui du rapport au temps présent -le cinéma condense les craintes et les espoirs liés à la modernité dans l'imaginaire social de l'époque. C'est au troisième degré -le rapport au passé -qu'apparaît la clé de cette "projection nationale" : la modernité vécue comme une perte, la reconnaissance et le deuil de cette perte, et la recherche de repères dans le passé national