Thèse de doctorat en Langue et littérature françaises
Sous la direction de Jeanne Bem.
Soutenue en 2001
à Mulhouse .
L'analyse des opérations techniques financières mises en oeuvre par le roman réaliste français fait apparaître leur incidence considérable sur l'écriture romanesque. De Balzac à Zola, la littérature porte la marque des paradigmes financiers qu'elle véhicule. Loin de participer de la seule constitution d'un champ référentiel, l'opération financière, telle que la manient Balzac puis Zola, étend son modus operandi à toutes les composantes narratives, linguistiques, stylistiques du texte, jusqu'à devenir véritable matrice de l'écriture romanesque. Ainsi, la circulation, qui désigne chez Balzac la circulation de billets à ordre par endos successifs, gouverne l'écriture de César Birotteau. Instrument de dette prépondérant dans le texte, à la fois courant et prohibé, interdit et désiré, fondateur d'une dialectique de la psyché du personnage, la circulation se révèle porteuse d'un schéma formel extrapolé à toute l'écriture du texte. Les transactions boursières à terme constituent les opérations génératrices de L'Argent de Zola, roman centré sur la problématique du terme boursier et de la livraison de titres. Les structures linguistiques propres au marché à terme révèlent les tailles de la structure psycho-financière défaillante du personnage de Saccard. Zola aborde le marché à terme comme une forme requise par les nécessités de son propre projet et présente, par opposition avec les acteurs du marché à terme financier, une définition de l'écrivain et de l'étriture " à terme ", Ainsi le roman du terme oblique-t-il vers le questionnement du terme du roman, dont s'approche l'auteur des Rougon-Macquart lorsqu'il écrit L'Argent- La vanité du terme boursier fait valoir tout le prix du terme littéraire. Balzac et Zola trouvent en outre dans les opérations financières des possibilités d'opérations métanarratives, qui leur permettent de commenter leur propre écriture. Gestion financière et gestion romanesque du temps ont partie liée. Le développement de l'anticipation financière et de la spéculation va de pair avec le déploiement de vastes systèmes d'anticipation narrative. Mais le choix d'une organisation proleptique du roman, qui préserve le lecteur de toute spéculation sur son dénouement, apparaît comme un dispositif antispéculatif, le projet réaliste s'inscrivant contre les dérives du signe dans l'ordre financier.
Financial deals in the french realist novels : financial patterns and symbolics
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Cette thèse a donné lieu à une publication
Les opérations financières dans le roman réaliste : lectures de Balzac et de Zola