Thèse soutenue

Joseph Conrad et Malcolm Lowry : "La musique sombre du chaos", "Heart of darkness" (1902), "Nostromo" (1904) et "Under the volcano" (1947)
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Auteur / Autrice : Annick Drösdal-Levillain
Direction : Josiane Paccaud-Huguet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études anglophones
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Lyon 2

Résumé

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Comment le malaise dans la civilisation du jeune XXème siècle se "mi-dit-il" dans Heart of Darkness, Nostrama et Under the Volcano ? Qu'est-ce qui unit Conrad et Lowry si ce n'est leur rôle de révélateurs des brèches de l'histoire et du coeur de l'homme moderne ? La littérature et l'art ne nous en disent-ils pas plus sur la vérité enfouie sous les emplâtres des écritures réalistes, que les livres d'histoire ? Avec Conrad, les écrans fictionnels posés sur le Réel se mettent à bouger, pour finalement voter en éclats sous la plume de Lowry. Les va-et-vient entre littérature, art et psychanalyse font émerger des bribes sonores et visuelles desquelles se dégage un réseau de signifiance qui fait accroc et accroche chez le lecteur attentif. Mues par une musique souterraine, ces écritures de la modernité font sourdre jusqu'à la surface des textes, des fragments d'une langue d'avant le langage, cette "lalangue" (lacan) qui fait vibrer la corde sensible du lecteur ayant renoncé à la jouissance phallique, au profit d'une "écoute flottante" (Freud). Le lecteur, à son tour morcelé, voit alors éclater le cri muet lancé à la face des "non-dupes" (Lacan) errant au pays des lettres. L'autre qui n'existe pas fascine, et, par son absence, met en marche le désir et la créativité. Les pulsions scopiques et dévoratrices font alors voir et entendre l'importance des objets regard et voix pour l'analyse de ces écritures opaques, dont la dimension lyrique, "poéthique", se propage telle une onde de choc partie d'un noyau obscur. Le rayonnement de ces oeuvres met en évidence l'importance de l'art, et en l'occurrence, de la littérature qui fait voir, entendre et sentir des bribes de ce qui fait de nous des hommes encore "connectés" avec leurs émotions. C'est peut être vers une jouissance autre, non-phallique et réfractaire à toute pensée dogmatique ou idéologique qu'il faut errer, entre son et sens, avec bonheur. . .