Thèse soutenue

Critique de l'âge critique : usages et représentations de la ménopause

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Auteur / Autrice : Daniel Delanoë
Direction : Francis Zimmermann
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ethnologie et anthropologie sociale
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Percue dans le sens commun comme un pur phénomène de nature, la ménopause se révèle comme une construction sociale dépassant largement la désignation de l'arrêt de la fonction reproductive féminine. Forgé au XIXe siècle, le terme ménopause signifie littéralement arrêt des règles mais son champ sémantique rejoint la notion du climatère, un moment critique. Le discours médical destiné au grand public s'articule autour de deux leitmotive ; grâce au traitement hormonal, la femme ménopausée peut "rester jeune" et "rester femme". Cette prétérition exprime l'idée que la femme devient vieille et n'est plus femme. Selon les données anthropologiques, l'arrêt de la fertilité féminine se traduit à travers des modèles physiologiques expliquant maladies, gains de santé, ou danger pour autrui. Elle peut impliquer une modification dans la famille, et disposer à certains rôles : guérisseuse, matrone, entremetteuse, médium, sorcière. Notre enquête en France auprès de femmes de 45 à 65 ans, et d'hommes de 50 à 60 ans, montre que l'expérience des femmes se distribue sur un large registre allant d'un pôle négatif à un pôle positif en passant par un pôle neutre. Pour une forte minorité des femmes, il s'agit d'un sentiment de perte majeure de capital santé, de capital esthétique et de capital symbolique. Pour la majorité, la ménopause constitue un non-évènement. Une minorité exprime une forte satisfaction. Les hommes attribuent volontiers des troubles psychiques à la ménopause. Les usages sociaux du traitement hormonal relèvent du souci de la santé, mais aussi de la préservation du capital esthétique, et de la valeur sociale. Une minorité de femmes recherche dans le traitement la poursuite des règles. Certaines croient qu'il prolonge la fertilité. Les représentations dominantes de la ménopause s'inscrivent dans la domination symbolique et l'assignation des femmes à leur fonction de reproduction, mais l'emprise de cette domination se limite aujourd'hui à une minorité de femmes.