Thèse soutenue

Dieu, le monde, l'Etat et l'homme dans la pensée juive post-moderne
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Auteur / Autrice : Louis-Georges Bourdat-Sainsevin
Direction : Armand Abécassis
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Bordeaux 3

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Le principal défi de la pensée juive postmoderne consiste à penser aprés l'horreur de la Shoah en ne rompant ni avec le judai͏̈sme, ni avec sa nécessaire traduction en grec,le langage universel de la raison. Sans théodicée, contre l'image d'un Dieu omnipotent, Seigneur de l'histoire, contre tout schème d'une rétribution illusoire, elle propose de relire la Bible et le Talmud pour réactualiser le scandale de la souffrance du juste. Ce n'est qu'en pensant jusqu'à l'athéisme, jusqu'à l'abandon de l'homme par Dieu, le scandale du mal extrême contre les consolations théologiques et philosophiques, qu'une vie significative aprés Auschwitz pourra être envisagée. Penser Dieu aprés Auschwitz, c'est penser l'absence injustifiable, c'est faire l'épreuve de l'être comme No God's land. La question est alors de savoir si cette transcendance jusqu'à l'absence ne constitue pas précisément le message même du monothéisme : contre le mysticisme et les violences du sacré, l'absence de Dieu ouvre l'espace de l'infinie responsabilité de l'homme. Les temps messianiques ne sont pas attente passive du messie mais messianisme de la responsabilité ou responsabilité messianique. L'absence injustifiable coi͏̈ncide alors avec l'effraction en moi d'une exigence immémoriale, d'une vocation à autrui avant et malgré moi, élection du moi jusqu'à l'incodition d'otage, dire pré-originel où Dieu vient à l'idée. Penser la responsabilité, c'est alors penser mon existence comme l'interprétation infinie, le "Midrash" en actes et en discours de cette parole d'honneur originelle. Ce dire anarchique exige alors une traduction, fût-elle un parjure, pour répondre "en fait" à cette vocation, pour faire mordre cette vocation sur l'histoire. Exigence d'une justice, d'un Etat et de ses institutions née sur le sol même de l'amour. Cette tension éthico-politique n'est pas réductible à une simple généalogie mais constitue le dynamisme même et la dignité du geste politique, elle permet d'éviter la sclérose totalitaire. Sans cesse le dit doit se dédire,la traduction est toujours trahison, une trahison nécessaire et infinie qui constitue le dynamisme même du messianisme.