Thèse soutenue

Conflits d'aménagement, débat public et construction de l'intérêt général : une expérience démocratique ?

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Auteur / Autrice : Sandrine Rui
Direction : François Dubet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Bordeaux 2
Jury : Examinateurs / Examinatrices : François Dubet, Pierre Birnbaum, Patrice Duran, Pierre Lascoumes, Jean-Marc Offner

Résumé

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À partir de l'observation des débats publics relatifs à l'implantation des grands projets d'infrastructure de transports en France, cette thèse pose la question de la démocratisation de l'action publique. En restant au plus près des usages du débat et des activités cognitives qui s'y déploient, elle interroge la capacité démocratisante du travail de légitimation de l'action publique en plaçant au coeur de l'analyse un questionnement sur les conditions de constitution du sujet démocratique. Ce travail part de l'idée qu'au processus de légitimation impulsé depuis le haut et prenant la nation pour seul horizon des choix publics succède, avec l'institutionnalisation du débat public, une logique ascendante, pragmatique et en appelant au citoyen. Le débat public est alors envisagé comme un élément d'une action publique constitutive qui établit comment et par qui doit être produit l'intérêt général. Ce travail de légitimation comme l'expérience des participants est largement déterminé par la nature des rapports sociaux constitués dans les conflits d'aménagement. Il l'est également par des langages distincts et autonomes constitutifs de notre culture politique, qui permettent aux participants de justifier leurs interventions comme leurs actions. Les langages de la Volonté, de l'Intérêt, de la Connaissance et de la Reconnaissance structurent ainsi la discussion comme l'expérience démocratique. Ce cadre interprétatif permet alors de rendre compte du fait que l'institutionnalisation du débat public relève tout autant de la manifestation d'un mode de gouvernement gestionnaire cherchant à faire du peuple un partenaire qu'elle permet la constitution d'un espace public critique des formes de domination des pouvoirs centraux. L'appel au consensus et à l'identification politique que suppose la première logique rencontre des résistances individuelles et collectives qui cherchent à faire reconnaître les dissensus et amorçent un processus de subjectivation politique.