Thèse soutenue

La preuve par le beau : examen critique de l'ontologie mathématique

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Auteur / Autrice : Jean-Marc Epelbaum
Direction : Jean-François Dégremont
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Épistémologie
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Paris 8

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La plupart des mathématiciens croit en l'existence d'un troisième monde. Or, ni l'analyse des mathématiques ni celle des philosophes des mathématiques ne permettent de choisir entre découverte et invention. Cavaillès a voulu démontrer que les inventions s'enchaînaient de manière nécessaire et imprévisible. Cela peut expliquer la croyance des chercheurs mais n'intègre pas les illuminations qu'ils sont nombreux (dont Dieudonné, Weil, Poincaré et Connes) à souligner. Damasio a montré que le cheminement de la pensée peut ne pas être mathématisable et Châtelet démontre que celui-ci n'est jamais donné par les mathématiciens. Une expertise de leur travail est donc entreprise. La première démarche est une enquête internationale par internet, qui apporte de très nombreuse réponses. La seconde cherche à établir le processus de l'invention. Il est démontré que les essais de Poincaré au début du XXe siècle (repris par Hadamard puis Choquet en 1994) sont les seuls disponibles. Il découpe le processus : préparation (souvent à partir de cas particuliers), incubation (phase inconsciente), illumination (suivant plusieurs formes), vérification (l'illumination peut être trompeuse). Poincaré (les chercheurs le confirment dans l'enquête par internet) pense que les idées s'associent dans l'inconscient du mathématicien pour en inventer de nouvelles. Et la sensation de beauté en est le lien systématique. Ce terme de beauté est adopté par tous les chercheurs (le questionnaire auquel ils ont répondu le montre). Ils en décrivent les propriétés mais ne le définissent pas. Cinq situations particulières où apparaît cette beauté (une enfant, un étudiant, un professeur, un exposé de Choquet et une lettre de Cantor) montre qu'elle dépend du niveau de culture mathématique de l'individu et permettent une définition : en mathématiques, est beau ce qui mène à la connaissance. La sensation de découverte que ressent le mathématicien lors de l'ivention est comprise.