Thèse soutenue

Sport et dopages : institution de la compétition, idéologie de l'excellence et conduites addictives du sport intensif

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Auteur / Autrice : Jean-Pierre Escriva
Direction : Vincent de Gaulejac
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Paris 7

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Considéré comme une contradiction majeure du sport, du fait des exigences compétitives au mépris de la santé et de la mise en dépendance de l'athlète au détriment d'une autonomie affichée, le dopage est à l'origine de cette recherche. La démarche d'une sociologie clinique, dialectique et critique de l'institution sportive y assume un intérêt de connaissance émancipatrice, tente de penser la tension entre l'engagement et l'implication du chercheur, et se développe selon trois moments articulés. Une appréciation des travaux sur le dopage est tout d'abord menée en énonçant les présupposés, les positions conceptuelles et les difficultés épistémologiques inhérentes à la pensée institutionnelle et à l'idéologie, qui sont autant de résistances à l'élucidation. Une pluralité d'intérêts à se doper se dégage alors en regard des conflits idéologiques de notre époque, de la rationalité instrumentale du macro-système sportif, et montre que le problème n'est pas nouveau sans être cependant intemporel. En second lieu des méthodes complémentaires cohérentes avec des pratiques occultées mettent en évidence les incidences subjectives de l'institution sportive et favorisent une analyse clinique du sport intensif au carrefour de processus hétérogènes. L'hypothèse du sport intensif comme conduite addictive avec ou sans drogue est étayée par l'étude des liens complexes entre des sujets et l'institution sous la forme d'un système socio-mental. Le dernier mouvement envisage la diffusion de l'idéologie de l'excellence dans une société où le sport, comme modèle de pureté et d'excellence sans faille inscrit dans les dynamiques économiques et médiatiques, pourrait jouer le rôle de moteur idéologique du libéralisme et d'une civilisation de l'extrême dans un contexte politique et intellectuel peu soucieux du sens et des valeurs. Situation qui interroge en retour le statut général de la recherche face aux enjeux de santé publique, d'éducation et aux contradictions des projets politiques.