Thèse soutenue

Les camps français d'internement 1938-1946

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Auteur / Autrice : Denis Peschanski
Direction : Antoine Prost
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Paris 1

Résumé

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Ce qui frappe en premier lieu c'est l'ampleur du phénomène de l'internement puisque, entre février 1939, et la fermeture du dernier, en mai 1946, j'estime à quelque 600 000 le nombre des internés dans quelque 200 centres, si l'on se limite à notre objet, à savoir une détention comme mesure administrative et non dans le cadre ou la perspective d'une procédure judiciaire. Les dates montrent quelle question majeure est posée : peut-on parler de continuité des procédures, des politiques et des hommes? Quatre logiques se sont succédées qui ont présidé à la politique d'internement : la logique d'exception de l'hiver 1939 au printemps 1940, la logique d'exclusion de l'été 1940 à l'été 1942, la logique de la déportation, d'initiative allemande, de l'été 1942 à l'été 1944 puis, à nouveau, la logique d'exclusion après la libération. La difficulté ne tient pas seulement au fait que des régimes différents sont en jeu ; car des pouvoirs concurrents ou non ont quelque fois cohabité, chacun ayant ses propres objectifs et donc sa propre stratégie. On voit donc s'enchainer des périodes nettement différentiées pour l'histoire d'un phénomène unique, celle des camps d'internement. Au-delà du régime politique, on mesure la complexité des mécanismes en œuvre dans un système concentrationnaire, ou interfèrent de multiples acteurs, le gouvernement et ses services, l'administration préfectorale, la direction, les gardiens, les internés, l'aide sociale et médicale, l'environnement immédiat et l'opinion. Si l'on prend en compte ces multiples dimensions, on ouvre des pistes loin de l'histoire politique évènementielle qui reste souvent le travers des historiens de la deuxième guerre mondiale.