Thèse soutenue

La représentation des élites (bourgeoisie et aristocratie) dans les salons de peinture parisiens entre 1880 et 1914 (Exposition nationale des Beaux-Arts, Société des Artistes français, Société nationale des Beaux-Arts) : analyse d'un goût social

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Auteur / Autrice : Nelly Archondoulis-Jaccard
Direction : Alain Corbin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Paris 1

Résumé

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Cette étude porte sur la représentation des élites (bourgeoisie et aristocratie) dans les portraits et scènes de genre aux salons de peinture entre 1880 et 1914. Pour définir les données constitutives d'un goût social il est intéressant d'aborder l'histoire des représentations à travers une manifestation collective : le salon. Il convient d'analyser d'abord la représentativité des salons dans le domaine artistique puis social avant d'étudier les œuvres elles-mêmes. L'étude des comptes-rendus des salons par la critique d'art dans les quotidiens permet une approche de l'importance sociale de cette manifestation, des types de public et de la sensibilité à l'œuvre d'art en tant qu'outil d'une autoreprésentation. La deuxième partie met en relation les propos des critiques, témoins d'une époque et d'un milieu, et les œuvres elles-mêmes. Les représentations masculines donnent dans leur grande majorité des images laborieuses qui transmettent aux contemporains et à la postérité des représentations de types (scientifiques, politiciens. . . ) plus que d'individus et de caractères. Les représentations féminines sont diverses mais tournent autour des deux types fondamentaux de la mère et de la jeune fille insaisissable. Il y a toutefois une évolution de la vision et de la conception de la femme qui passe de l'immatérialité rassurante pour l'homme à une corporalité moderne qui tend à ancrer la femme dans la vie réelle. L'enfant et le couple sont les grandes innovations de cette période. La représentation de l'enfant, au-delà de sa socialisation, est plus authentique, référence affective d'une société enfermée encore dans les apparences. Celle du couple révèle une nouvelle sensibilité familiale dans laquelle les préoccupations individuelles s'affirment au moment où les travaux de Freud commencent à ébranler les schémas classiques de la conception des individus. Quant aux scènes de sociabilité, elles affichent une certitude sociale et collective qui est bien le reflet d'une société qui veut être un modèle et qui entend transmettre à l'histoire des images de sa sérénité et de son harmonie. Le goût qui se révèle dans ses auto représentations est celui d'une société sure d'elle, consciente de ses valeurs et de son rôle dans l'histoire. La construction de l'image de soi se fait à partir d'un besoin d’idéal, d'une conception sereine et ordonnée du monde et du respect des règles