Thèse de doctorat en Psychopathologie et psychologie clinique
Sous la direction de René Roussillon.
Soutenue en 2000
à Lyon 2 .
La souffrance et les déstructurations psychiques fréquemment observés chez les chômeurs de longue durée permettent de repérer, par défaut, les fonctions tenues habituellement silencieusement par l'activité professionnelle pour l'équilibre d'un sujet. Elles conduisent également à s'interroger sur la possibilité de reconstruire un équilibre psychique en l'absence de cet objet d'étayage capital pour la construction et l'entretien des processus moi͏̈ques tant défensifs, narcissiques qu'élaboratifs. Cette reconstruction est analysée, grâce au corpus théorique psychanalytique, comme un travail de deuil rendu particulièrement difficile par la convergence de conditions défavorables : - conditions propres à la nature de la relation à l'objet-travail, - conditions inhérentes au soutien environnemental et à la forme du Moi d'un chômeur. La recherche insiste notamment sur le caractère exclusif de la relation à l'activité professionnelle, exclusivité résultant de la centralité du travail dans notre société et de ses marques sur nos processus de socialisation. Elle met d'autre part en évidence le renforcement de cette exclusivité par les dispositifs d'insertion qui en idéalisant l'emploi, placent les chômeurs au coeur de contraintes paradoxales adverses au travail du deuil. Elle analyse enfin les solutions psychiques trouvées pour dépasser la crise malgré ce contexte défavorable. Le chômage apparaît alors comme une occasion de maturation psychique : le sujet parvient à transférer les fonctions tenues antérieurement par l'objet-travail sur de nouvelles activités et dispose, grâce à ce transfert, d'une plus grande mobilité par rapport à ses objets d'étayage. La modélisation proposée permet de s'interroger sur les modalités d'accompagnement des chômeurs de longue durée propices à cette évolution.
Psychic management of unemployment : mourning for an exclusive relationship to work
Psychic suffering and psychic disorganisation frequently observed in the case of long-term unemployed people make it possible to identify by default the functions usually kept untold by the occupational activity for the person's psychological stability. They also lead to questioning oneself about the possibility of reconstructing a psychological stability in the absence of the anaclitic object which is essential for the building and the maintenance of ego-related processes, whether these processes are defensive, narcissistic or elaborative. This reconstruction is analysed, using the psychoanalytic theoretical corpus, as being a work of mourning made particularly difficult by the convergence of unfavourable conditions: - conditions specific to the nature of the object-work relationship, - conditions inherent in the environmental support and in the form of the Ego of an unemployed person. The study mainly insists on the exclusive nature of the relationship to the occupational activity ; this exclusiveness results from the centralisation of work in our society and from its marks on our socialisation processes. It moreover highlights the strengthening of the exclusiveness through integration mechanisms which, by idealising employment, place the unemployed in the heart of paradoxical constraints opposing to the work of mourning. It finally analyses the psychological solutions found in order to get over the crisis in spite of this unfavourable context. Unemployment then appears as an occasion for psychic maturation : the subject succeeds in transferring the functions earlier held by the object-work to new activities and, thanks to this transfer, has a greater mobility in relation to the anaclitic objects. The modelization herein described makes it possible to question oneself about the support measures meant for the long-term unemployed people and which are in favour of this evolution.
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