Thèse soutenue

La forteresse vide : une histoire des hautes terres du Massif central entre déprise humaine et emprise symbolique (XIXe-XXe siècles)

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Auteur / Autrice : Pierre Cornu
Direction : Jean-Luc Mayaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Lyon 2

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La déprise humaine qui touche les hautes terres du Massif central entre le milieu du XIXe et la fin du XXe siècle est un phénomène plus complexe qu'il n'y paraît, et au sujet duquel il reste beaucoup à apprendre. Pour ce faire, il convient de s'attacher à un point d'observation trop rarement employé dans l'étude des flux migratoires : les "restants". Par l'approche démographique (menée à partir d'un corpus de quinze cantons échantillons répartis dans l'ensemble du Massif central), on réalise l'hétérogénéité interne du phénomène et les forces contradictoires qui le composent, en même temps qu'une convergence certaine sous l'effet d'une logique dépressionnaire, créatrice de vide. Par l'approche narrative, la déprise humaine se révèle riche d'enseignements sur les mécanismes économiques et sociaux qui accompagnent l'évolution des rapports au sol : logique d'abandon, mais aussi résistance, conduite par les communautés d'habitants ou les élites locales. Par l'approche analytique enfin, on comprend les enjeux psychologiques et symboliques de la mutation du rapport au sol : le vécu individuel de cette histoire trouve des résonances intéressantes avec l'évolution du regard de la nation toute entière sur la situation des hautes terres du centre de son territoire. Par l'étude des discours littéraires régionalistes, on voit naître et se développer, dans un travail de deuil de la "terre qui meurt", la construction symbolique d'un Massif central conservatoire de la mémoire et du lien au sol : forteresse vide, et pourtant pleine de toutes les représentations forgées au cours de ce siècle et demi de mutations