Thèse soutenue

Le roman du maître de dhyāna : Bodhidharma et Ji-le-Fou dans le roman chinois en langue vulgaire du XVIIe siècle

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Auteur / Autrice : Vincent Durand-Dastès
Direction : Jacques Pimpaneau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes chinoises. Mention littérature
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Paris, INALCO

Résumé

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La thèse analyse les transformations subies par les légendes de deux célèbres figures de l'école chinoise du Chan lorsqu'elles furent adaptées au XVIIe siècle au format du roman long en langue vulgaire. La première partie étudie un roman intitulé L'éviction des démons et la restauration des bonnes relations sociales, ou la conversion de l'Orient (Saomei dunlun Dongdu ji), paru à Suzhou en 1635. Sous couvert de raconter la venue d'Inde en Chine du patriarche du Chan Bodhidharma, ce livre développe en cent chapitres une allégorie sur le thème du progrès moral par le respect des cinq relations sociales cardinales (wulun). On y voit le maître de dhyâna employer les diverses techniques d'éveil qui sont son apanage pour mettre les égarés sur la voie de ce progrès. La seconde partie montre le processus à l'oeuvre dans les réécritures contemporaines de la légende du bonze Daoji, dit "Jile Fou" (Jidian), à travers les innovations apportées par un roman de 1668, La biographie du dhûta fermenté (Qu toutuo zhuan). Ce texte, qui se présente ouvertement comme un commentaire critique des premières versions de la légende du moine excentrique, signe la mise au service de l'apologie des "bonnes vies et mœurs" chinoises du thème de la transgression et de la sainte folie. L'emploi des personnages de maîtres de dhyâna, avec le didactisme pittoresque qu'ils incarnent, comme hérauts de l'éthique confucéenne, témoigne d'un moment particulier de l'acclimatation chinoise du bouddhisme. En étudiant le discours explicite comme l'histoire éditoriale de ces œuvres situées au carrefour du roman de lettré et des livres d'exhortation morale (sanshu), on tente de comprendre la signification qu'elles pouvaient revêtir pour leurs auteurs, comme la nature de la réception qui put être la leur.