Thèse soutenue

Le saltimbanque dans l'art et la littérature de 1850 à nos jours

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Auteur / Autrice : Sandrine Bazile
Direction : Gérard Peylet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Bordeaux 3

Résumé

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Entre la deuxième moitié du 19e s. Et la première moitié du 20e, la figure du saltimbanque est récurrente dans l'art. Son évolution coïncide avec la transformation de la figure de l'artiste et l'entrée dans la modernité. Le saltimbanque apparaît d'abord dans la littérature romantique ; simple représentation pittoresque et manichéenne, il devient chez Musset, Hugo, Sand, une figure allérorique de l'artiste. Alter ego idéalisé chez Banville, double distance du poète chez Baudelaire ou Mallarmé, sa présence s'assortit d'une réflexion sur le sens d'une parole poétique que le poète pressent menacée. Le poète n'est d'ailleurs qu'un pitre méprisé par le public qui se livre a un art dérisoire et vénal. Ce questionnement s'amplifie avec la fin du siècle : chez les symbolistes et les décadents la récurrence du thème de la pantomime et l'engouement pour les arts populaires résonnent comme la chronique d'une mort annoncée de la littérature et des mythes. Les décadents trouvent alors dans la figure du Pierrot et dans l'imaginaire de la foire un reflet déformé et parodique de leurs propres hantises. Or, c'est ce Pierrot moribond, par l'importance qu'il accorde conjointement aux arts populaires et à l'inconscient, qui va servir de tremplin à l'émergence d'un art nouveau. Chez Apollinaire comme chez Picasso, corps et spiritualité se retrouvent unis dans la même vision messianique du poète/ saltimbanque à qui incombe la tâche -légère- de révéler au peuple la modernité du monde. La reconstruction de nouveaux mythes se réalise alors, dans un syncrétisme de fantaisie. Dès lors, l'artiste, le plasticien (Léger, Calder. . . ), poète (Mc Orlan, Prévert. . . ), dramartuge ou comédien se fait saltimbanque en reprenant à son compte les outils et la fantaisie du cirque. Ainsi, cet art vivant qui se réclame du cirque a, comme lui, partie liée avec le danger et la mort ; la création s'assimile alors à la piste circulaire en devenant un lieu de tentatives, de péril et d'exposition