Thèse soutenue

Brûler et non pourrir : choix de mort, choix de vie : pour une socio-anthropologie de la crémation

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Auteur / Autrice : Valérie Souffron
Direction : Claude Rivals
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Toulouse 2

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Objets de la recherche : a) une sociogenèse de la crémation (France et Europe) - b) l'analyse de la "révolution mentale" que constitue le passage de l'inhumation traditionnelle à ce nouveau mode de disparition qu'est la crémation. Sociogenèse : la progression de l'idée et de la pratique est rythmée en trois fins de siècles, 1- fin XVIIIe : les "précurseurs" réclament l'alternative crématiste au nom de la liberté et de la raison. Ils posent les bases d'un "système de valeurs". 2- fin XIXe : les "pionniers", acteurs de la IIIe République, construisent un système fondé sur les mêmes bases, mais qu'ils enrichissent par les valeurs de l'hygiène, de la santé publique et de la laïcité. Ils obtiennent les premiers succès (légalisation de la crémation et mise en œuvre de la pratique) 3- fin XXe : les "diffuseurs" complètent le "système de valeurs" avec le thème écologique de "la terre aux vivants", et par la référence aux droits de l'homme et à la solidarité. Révolution mentale : l'analyse des textes (revues et archives des associations de crématistes) et une enquête par entretiens auprès de ceux qui ont choisi la crémation permet de définir trois types de partisans de la crémation : les "libertaires", les "solidaires" et les "engagés". La révolution mentale se fonde sur le rejet de l'inhumation et des rituels traditionnels. Repoussant la terre et l'eau (comme symboles de l'inhumation), ceux qui choisissent la crémation construisent un nouveau rapport à la mort en faisant de l'air et du feu les éléments d'une élévation purificatrice. Quant aux cendres et aux rites funéraires, fidèle à la tolérance déjà notée (laïcité), la crémation peut s'opérer selon des rituels religieux (recomposés), des rituels novateurs laïques, ou encore dans le dépouillement le plus complet. Ce changement social touche la vie et la mort, le social et la personne, l'économique, l'esthétique, le juridique, le corporel comme le spirituel ; c'est un "phénomène social total".