Thèse soutenue

Le langage du rêve dans l'œuvre de Gérard de Nerval (Les nuits d'octobre, Les filles du feu, Pandora, Promenades et souvenirs, Aurélia)

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Auteur / Autrice : Mi-Jin Kim
Direction : François-Charles Gaudard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue et littérature françaises
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Toulouse 2

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les œuvres romanesques de Gérard de Nerval, surtout les plus tardives, sont marquées par un manque apparent d'organisation voire de structuration. De prime abord, cela semble correspondre aux symptômes pathologiques de l'auteur qui subit des crises de folie. Le texte narratif est souvent suspendu voire égaré, les articulations logiques y sont parfois impropres ou absentes, son sens, enfin est fréquemment brouillé par un langage oblique. Cette texture des récits nervaliens signale la perte de la maîtrise du narrateur. Vu de plus près, le manque de structuration des textes s'explique : la forme dilatoire et fragmentaire du récit vient de l'interminable quête du narrateur, celle d'un objet de désir souvent insaisissable. Le silence et le lexique obscur disent aussi la limite de la représentation verbale qui tient à l'écart irréductible entre image visuelle et image verbale. Cependant, on trouve une logique narrative dans l'organisation profonde de cette texture inconstante typique d'une écriture du désir. L'apparence lacunaire et incohérente du texte transforme le lecteur en initié à la recherche de l'unité et de la vérité. Le vide textuel l'invite à chercher et à suppléer à ce qui manque. Par ailleurs, la constitution de certains récits montre comment la narration prolifère pour mimer la quête toujours recommencée d'un narrateur à la recherche d'un objet perdu. Combler le vide laissé par l'absence d'un objet : tel est le projet narratif constant chez Nerval. Ainsi, toutes les femmes que le narrateur cherche à conquérir, dans la fiction, sont appelées à remplacer sa mère à jamais perdue. Mais ces substituts imaginaires, tout différents, en fait, de la femme réelle, finissent toujours par trahir l'insatiable désir du narrateur et par révéler un manque toujours reproduit pour attiser le désir du comblement. Le manque est le moteur d'une écriture dont la forme (constellation autour d'un objet absent) et les modes d'élaboration sont proches de ceux du rêve.