Thèse soutenue

L'attrition de la première langue chez le bilingue tardif : implications pour l'étude psycholinguistique du bilinguisme
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Auteur / Autrice : Barbara Köpke
Direction : Jean-Luc Nespoulous
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Toulouse 2

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L'étude de l'attrition porte sur les conséquences du manque d'utilisation d'une langue chez un bilingue. Des hypothèses psycholinguistiques récentes basées sur la notion d'activation prévoient que la langue utilisée peu fréquemment devient de plus en plus difficilement accessible. Chez l'enfant en bas âge, il a été démontré que le manque d'utilisation peut même entraîner un oubli total. Mais les résultats de la recherche sont contradictoires en ce qui concerne le bilingue tardif adulte qui ne pratique plus sa langue maternelle (L1). Notre recherche aborde cette question en examinant les performances en L1 de deux groupes d'immigrés allemands avec des langues secondes (L2) différentes (anglais et français) à travers trois tâches distinctes : description d'images, construction de phrases, jugements de grammaticalité. Cette procédure permet d'évaluer a) le rôle de la L2 dans le processus d'érosion de la L1, b) la vulnérabilité plus ou moins grande de différents niveaux linguistiques, et c) dans quelle mesure l'attrition relève de problèmes de performance (accès notamment) ou, au contraire, d'une restructuration de la compétence linguistique. Les résultats suggèrent que a) la structure de la L2 influe sur les performances en L1 (surtout pour des jugements de grammaticalité) mais est loin d'être la seule source d'erreurs ; b) la fréquence d'utilisation semble davantage affecter le traitement lexical que le traitement morphosyntaxique qui paraît assez bien préservé ; c) la performance linguistique des sujets dépend étroitement de la tâche à accomplir : la plupart des erreurs apparaissent comme des problèmes de traitement en fonction des stratégies que déploie le sujet pour résoudre la tâche. Nous observons en outre une grande variabilité entre les deux groupes bilingues. Pour la discussion des résultats, nous nous appuyons sur différents modèles de la production bilingue et notamment sur l'hypothèse du seuil d'activation (Paradis, 1993).