Thèse soutenue

La région, paradoxe territorial néolibéral ? : analyse de l'impact géographique d'un modèle économique sur le Norte Grande chilien
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Auteur / Autrice : Anne-Laure Amilhat-Szary
Direction : Claude Bataillon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Toulouse 2

Résumé

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Quels sont les impacts sur l'organisation de l'espace du programme économique néolibéral adopté par le Chili dès 1973, en rupture radicale avec le modèle antérieur de substitution des importations ? Si cette réorientation s'est traduite par une forte croissance économique, la cohésion sociale a été mise à mal. Envers le territoire, la dictature a eu une attitude ambivalente : une réforme administrative faisant de la « région » l'échelon de référence devait permettre de concilier maîtrise de l'espace et création d'entités économiques susceptibles de s'insérer aux marchés internationaux. L'analyse des transformations du Norte Grande (confins septentrionaux du pays, dans le désert d'Atacama) montre que, depuis son ajout au territoire national après la guerre du Pacifique, cette région constituait une périphérie fondamentale pour le Chili du fait de ses ressources minières (nitrates, cuivre, et aujourd'hui lithium). Or l'ouverture économique semble avoir transformé le nord en « enclave du système monde », se distinguant d'une enclave traditionnelle par la multiplication des centres de dépendance (diversification de l'origine des investisseurs internationaux) et le désenclavement matériel (transports et communications), le plaçant désormais en interface entre le centre du cône sud et l'aire pacifique. Cette évolution se traduit par des processus de dé-territorialisation, liés à l'extension de la valeur marchande de l'espace (conflits autour des usages de l'eau notamment) et par certaines recompositions sociales (phénomène de re-territorialisation). C'est pour qualifier l'émergence d'un lien social construit sur la base de l'appropriation d'un espace régional fonctionnant avant tout par son insertion dans des réseaux économiques que nous avons conçu la notion de « région néolibérale ». Cette convergence d'intérêts à une échelle administrative traduit une accélération du rythme de formation des territoires, malgré un contexte d'inégalité socio-spatiale.