Thèse de doctorat en Histoire de l'art
Sous la direction de Marie-Thérèse Camus.
Soutenue en 1999
à Poitiers .
S’il est reconnu que c’est dans le domaine royal que sont construits les premiers édifices gothiques (chevet et massif occidental de l’abbatiale de Saint-Denis, massif occidental de la cathédrale de Chartres, cathédrales de Sens, Senlis et Noyon, abbatiales de Saint-Germain-des-Prés ou Saint-Martin-des-Champs), l’Ouest de la France a joué une part active dans l’évolution de l’architecture, proposant un art de bâtir original, souvent résumé à ses voûtes d’ogives bombées. Construite comme une double monographie, cette thèse en sept volumes (688 pages de textes et 1235 photographies) s’attache à mieux comprendre ce qui définit le premier art gothique de l’Ouest de la France, à travers les deux chantiers des cathédrales d’Angers et de Poitiers. Pratiquement contemporaines et situées dans des diocèses voisins, les cathédrales d’Angers et de Poitiers présentent une problématique à la fois similaire et différente. Les travaux de la cathédrale angevine datés par un texte ancien, correspondent à la reprise partielle d’une nef unique tandis que ceux de la cathédrale de Poitiers, non datés, concernent la reconstruction intégrale du chevet à trois vaisseaux. En dépit de leurs différences, ces deux chantiers ont fait les mêmes choix architecturaux. À Angers, comme à Poitiers, le premier art gothique de l’ouest se définit par des murs épais animés en partie basse d’arcatures aveugles, épaulés à l’extérieur par des contreforts massifs qui rendaient inutiles l’emploi d’arc-boutant, un niveau de baies géminées éclairant une élévation simple et surtout des voûtes bombées soutenues par des ogives non pénétrantes et dont la particularité est de présenter une clé plus haute que celle des doubleaux et des formerets. Pour chacune des deux cathédrales, sont d’abord étudiés l’héritage roman laissé par les villes et diocèses, le rôle réel des évêques et des chanoines et celui, plus symbolique, des princes Plantagenets. Puis, un volet historique présente les sources et les campagnes de restaurations successives. Ensuite, les espaces concernés sont étudiés en s’attachant à l’analyse des assises et des signes lapidaires. En disséquant toutes les étapes nécessaires du chantier, depuis le début des travaux jusqu’à la pose des toitures, cette approche technique du chantier a permis de mieux dater les deux édifices : entre 1150 et 1160 pour la nef d’Angers, entre 1155 et 1175 pour le chevet de Poitiers. Imposant une nouvelle lecture du chapiteau corinthien, les ateliers de sculpteurs ont absorbé les meilleurs sculpteurs formés sur les derniers chantiers romans de leur région respective. Ainsi en Anjou, les chantiers de Saint-Aubin ou de la Trinité d’Angers, de Notre-Dame de Cunault, ou Saint-Hilaire-Saint-Florent de Saumur semblent avoir alimenté celui de la cathédrale Saint-Maurice. Parallèlement, le décor sculpté des parties orientales de la cathédrale de Poitiers s’inspire très largement des œuvres réalisées à Benet, Aulnay, Notre-Dame-de-la-Couldre de Parthenay, Civray ou encore à Melle. A cette identité individuelle très forte, s’ajoutent des intervenants extérieurs issus de chantiers communs, mais distincts. En effet, à Poitiers et à Angers, on trouve des artistes provenant du Mans et de Chartres, mais ce ne sont pas les mêmes équipes chartaines et mancelles. À Angers, l’étude des liens entre sculpteurs et tailleurs de pierre d’une part et les sculptures du portail occidentale et de l’intérieur de la nef d’autre a permis de proposer une nouvelle datation pour le portail de la façade occidentale, œuvre du début des années 1150, fortement marqué par le portail royal de Chartres.
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