Thèse soutenue

De la dechirure a la redemption mythique : les avatars du moi chez eduard von keyserling et michel tournier

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Auteur / Autrice : JEAN DANIEL GIRARDIN
Direction : Francis Claudon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Paris 12

Résumé

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Keyserling, tournier, deux ecrivains, deux oeuvres romanesques : un demi siecle les separe, aucune influence ne peut etre affirmee ; cependant s'imposent d'etonnantes convergences : une interrogation sur le sujet, soumis aux contraintes d'une civilisation qui l'eloigne de son etre propre ; soit le personnage trouve une apparente satisfaction a cette situation - chez le premier auteur -, soit il affirme son originalite - chez le second -. Mais, de tout maniere, les risques de rupture sont bien reels, meme a des degres divers. Les incidences sur l'ecriture sont perceptibles : ou bien elle enregistre un eloignement, en apparence irreversible, de la nature et une soumission aux codes langagiers en vigueur dans la societe, soit, au contraire, elle reaffirme le primat du personnage, de l'individu dans un sain et roboratif retour a la tradition des mots et du recit. Rupture entre les deux oeuvres ? difference essentielle entre keyserling, l'ecrivain de la resignation et de la +decadence;, incarnant la premiere tendance, et tournier, l'ecrivain bravant les modes contestataires, le +nouveau roman; par exemple, et clamant sa confiance dans l'histoire traditionnelle a la suite d'une lignee d'auteurs qu'il revendique ? rien n'est moins sur ; si les apparences font en effet apparaitre une ligne de fracture, l'examen approfondi peut faire douter de la trop grande evidence d'un constat : le recit keyserlingien est-il autant menace d'erosion que le recit tournerien affiche sa belle sante ? il importe d'emporte d'envisager une autre dimension : les recits de l'un et de l'autre n'expriment-ils pas, soit en creux, soit directement, une aspiration essentielle, l'aspiration a un retour a l'origine, a un modele mythique qui mettrait les mots au service de l'exaltation individuelle ? nostalgie ou euphorie ? espoir ou illusion ? le mythe n'est-il que leurre ou rappel d'un aspect fondamental du monde et de l'humanite ? si tournier s'inscrit resolument dans cette perspective, keyserling suggere, entrevoit seulement cette possibilite dans un avenir dont le texte dessine les lineaments. De l'interet d'une comparaison entre les deux oeuvres des lors qu'elle peut les eclairer mutuellement et aider le lecteur a une meilleure comprehension de realites textuelles que des apparences trop lisses auraient peut-etre tendance a dissimuler.