Thèse de doctorat en Santé publique
Sous la direction de Alfred Spira.
Soutenue en 1999
à Paris 11 .
Le président du jury était Joseph Lellouch.
Le jury était composé de Joseph Lellouch, Élisabeth Bouvet, Jean-Claude Desenclos, Joël Coste.
Les rapporteurs étaient Élisabeth Bouvet, Jean-Claude Desenclos.
Trois obstacles s'opposent à l'identification de cibles d'intervention pour la prévention des MST et du VIH : l'hétérogénéité de ces infections, la multiplicité des facteurs impliqués dans leur diffusion, les difficultés méthodologiques pour la réalisation d'enquêtes épidémiologiques, surtout dans des échantillons représentatifs de la population. Notre objectif était d'étudier la validité et l'intérêt du recueil des antécédents de MST par questionnaire, à partir des données d'enquêtes nationales sur les comportements sexuels menées entre 1989 et 1994 : 4 enquêtes françaises (ACSF, ACSJ, KABP-92, Baromètre Santé-93) et 7 enquêtes européennes dans le cadre d'une Action Concertée (Belgique, Finlande, France-ACSF, Ex-RDA, Ex-RFA, Norvège, Pays-Bas). Nous avons pris en compte dans l'analyse statistique les plans de sondage plus ou moins complexes. Nous avons d'abord montré que ce mode de recueil n'est pas à l'origine d'un biais de classement majeur, ce qui ressort de la cohérence des résultats entre les différentes enquêtes et de leur concordance avec les données de la littérature et de la surveillance épidémiologique. Nous avons ensuite montré qu'un antécédent de MST est, non seulement, un marqueur d'exposition passée au risque de VIH dans les deux sexes, mais également un marqueur de comportements sexuels à risque actuels chez les hommes. Un antécédent de mycose est chez eux un marqueur de risque équivalent à un antécédent de MST bactérienne. Nos résultats suggèrent enfin que les stratégies de dépistage des MST, en particulier de Chlamydia trachomatis, sont nettement insuffisantes en France par rapport aux pays nordiques. Les enquêtes françaises montrent aussi que les hommes préviennent moins souvent leurs partenaires que les femmes à l'occasion d'une MST. Si le dépistage est globalement plus large chez les femmes et les personnes de niveau d'études supérieur, les femmes socialement défavorisées et les jeunes présentent un risque élevé d'échapper au dépistage précoce.
The usefulness of self-reported history of sexually transmitted diseases collected in surveys of the general population
Three obstacles stand in the way of identifying targets for the prevention of sexually transmitted diseases (STDs) and HIV infection: the heterogeneity of these infections, the large number of factors involved in their spread and methodological problems encountered in epidemiological investigations, especially in samples representative of the general population. We investigated the validity of collecting data conceming STD history by questionnaire and analysed such data from national surveys of sexual behaviour carried out between 1989 and 1994. Four French surveys (ACSF, ACSJ, KABP-92 and Baromètre Santé-93) and seven European surveys were studied as part of a Concerted Action (Belgium, Finland, France (ACSF), the former East and West Germany, Norway and the Netherlands). We took the various sampling designs, with their diverse levels of complexity, into account in the statistical analysis. We found that this method of data collection caused no major classification bias, as the results of the various studies were consistent, both with each other and with other published studies and epidemiological surveillance data. We found that not only was a history of STD a marker of past exposure to the risk of HIV infection in both sexes, it was also a marker for current high-risk sexual behaviour in men. A history ofmycosis in men was as effective a risk marker as a history ofbacterial STDs. Our results show that the strategies used for STD screening in France, in particular that for Chlamydia trachomatis, are not as effective as those used in northem European countries. The results of the French surveys also showed that men were less likely than women to tell their sexual partners that they had a STD. Screening was generally more widespread among women and individuals educated beyond schoollevel, but socially disadvantaged women and young people were less likely to undergo early screening.